Mythomamie, de Gwladys Constant (2017)

Pourquoi mentir ? Peut-on faire du mensonge un art ? Où s’arrêter ?

Voici un petit roman pétillant et plein de fraîcheur (j’écris cette chronique sous l’effet de la quatrième de couverture qui scintille sous mes yeux de paillettes et de coupes de champagne !). On passe un moment agréable en assistant à la rencontre inattendue d’Alphonsine et d’Hortense.

La première, seize ans, est une lycéenne naïve et peu à l’aise avec le second degré. Elle manque d’assurance, mais se sent à l’étroit : dès qu’elle a l’âge, elle met fin à sa scolarité et trouve un travail alimentaire auprès d’Hortense, 85 ans. Celle-ci est un peu tout le contraire : forte de son expérience, volontaire et déterminée à tirer le maximum des moments qui lui restent à vivre. Et, disons les choses, adepte du mensonge – au point de m’encourager à vérifier la définition de la « mythomanie ». Wikipedia parle de « tendance constitutionnelle présentée par certains sujets à altérer la vérité, à mentir, à imaginer des histoires (fabulations) ». De fait, Hortense est une artiste, une championne du mensonge – on en aurait presque envie de l’imiter ! De quoi déconcerter Alphonsine qui est loin de se douter que les moments partagés avec Hortense sont susceptibles de lui offrir une forme d’initiation qui pourrait bien lui être particulièrement utile. En effet, sa propre famille lui cache quelque chose de monumental…

Alphonsine est une narratrice hors-pair qui parvient à nous emmener dans cette aventure improbable qu’elle raconte dans une langue drôle et originale qui respire la sincérité. Ce roman est vraiment à l’image de ses héroïnes : insouciant, vif et grave à la fois. L’occasion de s’attacher à ces deux jolis personnages et de réfléchir aux motivations et fonctions du mensonge, mais également au temps qui passe, à l’écriture et au sens de la vie.

Merci beaucoup à Alice Éditions de m’avoir permis de découvrir ce roman !

Extrait

« Ma mère m’a élevée dans l’horreur du mensonge. La vérité, rien que la vérité, levez la main droite et dites « je le jure » a été sa devise suprême depuis le jour où son mari, mon père, avait dit « oui ça va, merci », deux heures avant de se tirer une balle dans la tête. Lorsque j’ai eu onze ans, maman, conseillée par tante Violette, a tenté de m’inculquer un autre principe : Tout vérité n’est pas bonne à dire. Mais c’était trop tard. La nuance m’échappait et ça m’a valu de nombreuses heures de colle au collège. »

Lu en octobre 2018 – Alice éditions, 13€

mythomamie

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