Voleuse, de Lucie Bryon (Sarbacane, 2022)

Alors que les témoignages #whenIwas15 fleurissent suite à la honteuse censure du roman Bien trop petit par le ministre de l’intérieur, j’ai eu envie de parler d’une BD qui évoque l’adolescence dans toute son intensité !

Avec sa copine Leslie, Ella est la coolness incarnée : mèche en travers du visage pour l’une, cheveux courts et allure androgyne pour l’autre, des préoccupations à mille lieux des cours – fêtes, rébellion, tenues… Et surtout, la mystérieuse Madeleine ! Lorsqu’un matin celle-ci sonne chez Ella, c’est la divine surprise. Mais aussi la panique : Ella a tellement bu la veille qu’elle ne conserve aucun souvenir de la soirée. Chez qui a-t-elle passé la soirée ? Comment des objets coûteux qu’elle ne connaît pas se sont-ils retrouvés dans sa chambre ?

Les états d’âme des protagonistes de cette histoire sont tous exacerbés, presque outranciers : désirs, mal-être, angoisses, vertiges, hauts et les bas de l’amitié, choix qui feront bifurquer la vie des personnages. Les punchlines et le dessin dynamique d’inspiration manga sont en accord avec cette démesure. Ça passera ou ça cassera, cela a bien parlé à mon moussaillon cadet (12 ans) et moins plu à son grand frère !

Pour ma part, c’est cette intensité toute adolescente que je retiendrai de ces pages plus que l’intrigue, même si nous avons aimé voir comment Ella et Madeleine changent au contact l’une de l’autre. La composition est créative et il y a de jolis jeux sur la couleur – le dessin est essentiellement noir et blanc, mais avec des aplats dont l’ampleur et la couleur changent selon l’ambiance : beige au collège, bleuté la nuit, mauve ou rouge dans les moments de fébrilité, par petites touches ou sous la forme d’un tsunami.

Une proposition originale entre récit « coming of age » et comédie romantique aigre-douce.

Lu en juin 2023 – Sarbacane, 24€