Code 93, de Olivier Norek (Éditions Michel Lafon, 2013)

Lors de la dernière rentrée littéraire, j’ai été prise de court par Les Guerriers de l’Hiver, captivant roman historique signé Olivier Norek, ancien flic devenu écrivain. J’ai donc profité d’une envie de polar pour remonter à la source. Code 93 est son premier roman, mais on sent immédiatement qu’il connaît son affaire en tant qu’ancien capitaine à la PJ de Seine-Saint-Denis.

Attention, mieux vaut être prévenu.e et avoir l’estomac bien accroché : d’entrée de jeu, c’est très violent. Nous voilà plongés dans un 93 tendu, électrique, qui sent le vécu. Coste, le capitaine, et son équipe sont confrontés à un assassin particulièrement tordu, adepte de mises en scène aussi macabres que spectaculaires… Mais c’est aussi la réalité absurde, violente ou prosaïque de leur quotidien qui m’a sidérée.

« C’est pas Hollywood, ici, c’est la Seine-Saint-Denis. »

Le style est efficace, l’intrigue à tiroirs habilement ficelée et la fresque sociale qui se déploie en toile de fond saisissante, pour les quartiers chics comme pour les quartiers chocs. Expérimenté et visiblement très bien documenté, Olivier Norek dépeint un monde déliquescent qu’il serait plus confortable de pouvoir éclipser – des planques de dealers aux couloirs de la PJ en passant par le service de médecine légale et les milieux d’affaires et politiques, on s’y croit et cela donne fichtrement à réfléchir aux échecs de nos politiques urbaines, à la vanité de la politique du chiffre ou aux affres de la corruption.

« Demander de chiffrer une activité c’est être assuré d’avoir une information déjà faussée. Les chiffres ne sont que des paillettes pour faire beau à la fin des rapports vides. »

Et puis il y a Victor Coste, flic carré mais humain, qui ne parvient pas à être complètement désabusé malgré son lot quotidien d’emmerdes et de désillusions. Il faut dire que son équipe est soudée autour de lui. Mon seul bémol aurait trait à leurs dialogues bourrés de punchlines que je n’ai pas toujours trouvées très naturelles ni subtiles – et peut-être aussi au semblant de romance, un peu plaqué, pas très nécessaire, et dont la mise en scène m’a semblé artificielle.

Cela mis à part, Code 93 tient toutes ses promesses. C’est noir, tendu, brut, mais aussi traversé par une urgence sourde qui n’a, en dix ans, rien perdu de son actualité : celle de dire l’épuisement, la colère, le sentiment d’abandon éprouvés par celles et ceux qui portent à bout de bras un service public exsangue.

Lu en juillet 2025 – Pocket, format poche, 8,70€

6 commentaires sur “Code 93, de Olivier Norek (Éditions Michel Lafon, 2013)

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  1. Effectivement du vécu, Norek était flic sur le 93. Même si j’ai trouvé des idées intéressantes, j’ai le souvenir d’une fin abrupte qui arrive trop rapidement et m’a lecture avait été mitigée. Je pensais lire la suite finalement je ne l’ai pas fait.

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    1. En fait la résolution est assez curieuse. On comprend soi-même avant que les choses ne soient rendues explicites. Et effectivement tout s’accélère à la fin pour se précipiter vers une fin qui peut effectivement paraître abrupte.

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  2. J’aime bien Olivier Norek, même si je n’ai pas lu tous ses romans. Je ne me souvenais plus si j’avais lui celui-ci. Merci Babélio qui m’a restitué mon avis mitigé sur ce polar. Je pense qu’il a fait mieux après ! Merci pour ta chronique…

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  3. J’ai découvert l’auteur, sur lequel j’avais des a priori, avec ce titre, et j’ai été agréablement surprise. c’est en effet efficace, mais pas que… depuis j’ai lu Les brumes de Capelans, que j’ai beaucoup aimé, sans doute plus que celui-là d’ailleurs. En tous cas, je n’en ai pas fin avec Norek !

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