Calme et tempête, de Maeva Rubli (Joie de Lire, 2024)

Calme et tempête est de ces albums qui se lisent dans les deux sens. Recto l’histoire d’un garçon au visage étrangement bleuté et aux boucles tendres. Verso celle d’un enfant livide. Deux mouflets donc a priori on ne peut plus différents. Sauf qu’à voir leurs sourires timides et leurs regards qui en disent long, on devine qu’ils ont plus en commun qu’on ne l’imagine.

« J’entendais la tempête souffler au fond de ma boîte, même à l’école. »

Ces deux histoires disposées en miroir racontent avec la puissance de la poésie la cohabitation avec un parent bipolaire. Chacun a son vécu. L’un doit s’accrocher dans un quotidien déboussolé où les repères chavirent et le monde devient parfois un capharnaüm aussi coloré qu’inextricable. L’autre se fait transparent quand ‘la tristesse s’installe’. Pourtant, des deux côtés, l’amour éclabousse chaque page, grands et petits font comme ils peuvent.

Et puis, comme les plus perspicaces l’auront deviné, il y a au cœur de l’album les choses merveilleuses que les deux protagonistes partagent.

Un album illustré avec une grande expressivité, oxymorique et très poétique. Ces pages parviennent à évoquer à hauteur d’enfant un sujet qui, pour être difficile, n’en concerne pas moins des enfants pour lesquels parler n’est pas facile. Je suis prête à parier que cet album réconfortera aussi ceux qui connaissent épisodiquement des hauts et des bas à la maison. Après la tempête revient le calme.

Lu en juin 2024 – Joie de Lire, 19,90€

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