Petit Garçon, de Francesco Pittau, illustré par Catherine Chardonnay (Éditions MeMo, Petite Polynie, 2019)

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Petit garçon_extrait 2.jpgIl paraît que Roald Dahl a dit que savoir captiver les jeunes lecteurs exige d’« avoir préservé deux caractéristiques fondamentales de ses huit ans : la curiosité et l’imagination ». Pour avoir le bonheur de côtoyer quotidiennement un mouflet de cet âge-là, je peux confirmer que ces deux propriétés en font tout le charme. Expériences de physique dans le bain, raisonnements absurdes suivis aussi loin que possible, jeux si prenants qu’ils en deviennent parfaitement sérieux, composition de blagues, examen des hypothèses les plus délirantes, fous-rire, bavardages imaginaires avec les peluches qui ont chacune leur nom à coucher dehors et leur personnalité, longs moments de contemplation rêveuse en cultivant des plantes carnivores, histoires sans fin déclamées jusqu’à s’effondrer de sommeil… Je dois bien admettre que toute cette énergie n’est pas toujours de tout repos et que je mesure souvent à quel point mes huit ans sont loin. Certains auteurs parviennent toutefois merveilleusement à réveiller l’esprit de l’enfance chez leurs lecteurs de tous âges et à bouleverser leur imaginaire. Leurs mots illuminent nos lectures du soir, nous permettant, le temps d’un livre, d’avoir le même âge, de rire sous cape et de vagabonder dans des territoires où tout est possible.

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Petit garçon_extrait 3.jpgC’est précisément ce plaisir partagé qui a fait tout le charme de la lecture à voix haute de ce Petit Garçon, de Francesco Pittau, qui paraît aujourd’hui dans la magnifique collection Petite Polynie des éditions MeMo. Ce garçonnet nous a entraînés, Hugo et moi, dans un univers malicieux où les idées fusent, la magie se déploie et les choses s’animent. Là bas, chaque jour apporte son lot d’émotions, de surprises et d’expériences fantaisistes qui se dégustent avec bonheur et de nombreux éclats de rire ! Comme ce jour où le garçon a dû traquer son vrai reflet, parti en vadrouille, où lorsqu’il s’était transformé en mouche. Ou encore la fois où il s’est fait réprimander par les motifs de son dessin qu’il avait certes un peu bâclé ! Un monde que nous découvrons à hauteur d’enfant. Un enfant encore petit dans ce vaste monde. Mais qui grandit, mine de rien…

Nous avons beaucoup ri des (més-)aventures du petit garçon qui ont complètement parlé à Hugo qui a souhaité les relire seul. Les illustrations crayonnées de Catherine Chardonnay, un brin loufoques, donnent la touche finale à l’univers enfantin du roman. Certaines ont enchanté Hugo autant qu’elles l’ont laissé perplexe : « Mais comment a-t-elle fait pour réussir aussi bien à dessiner aussi mal ? »

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Mille mercis à Chloé Mary et à l’auteur de nous avoir permis de découvrir ce texte débordant de tendresse et de joie de vivre !

Extraits

« Le petit garçon aurait voulu être grand, plus grand que ses copains du jardin d’enfants, plus grand que maman, plus grand que papa et plus grand que tout le monde. Même le chien, même le chat étaient plus grands que lui.Parfois il rêvait qu’il devenait si grand que sa tête atteignait la Lune. Et même encore plus haut quand il rêvait très longtemps. »

« Le petit garçon dessinait toujours les mêmes choses. Et ce jour-là, comme d’habitude, il dessina ce qu’il aimait dessiner. Sauf que le bonhomme tout tordu était encore plus tout tordu que d’habitude, que le chien n’avait que deux pattes, que les oiseaux ressemblaient à des éléphants ailés, que la montagne de déchets montait jusqu’au ciel, que l’île était à moitié enfoncée dans l’eau et que le palmier penchait comme s’il était malade.Le petit garçon était quand même fier de son dessin. Aussi fut-il étonné quand le bonhomme tout tordu lui lança :– Tu exagères, mon petit gars ! Tu deviens de plus en plus négligent ! Tu ne soignes plus tes dessins. »

Lu à voix haute en septembre 2019 – Éditions MeMo, Petite Polynie, 10€

7 commentaires sur “Petit Garçon, de Francesco Pittau, illustré par Catherine Chardonnay (Éditions MeMo, Petite Polynie, 2019)

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    1. Oui, cette collection fait vraiment partie de nos préférées 🙂 Pour info, je me suis demandé si Hugo serait un peu grand pour ce livre au charme très enfantin. En fait, il a pris un plaisir particulier à cette lecture – il aime encore être « petit » et les préoccupations du garçonnet lui ont beaucoup parlé. J’espère que vous l’aimerez autant que nous !

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  1. C’est super d’avoir l’avis d’enfants sur cette collection, que, généralement, nous, les bibliothécaires, on aime beaucoup, mais qu’on a du mal à situer par rapport aux enfants. Je suis contente de savoir qu’elle peut plaire à de « vrais » enfants !

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    1. Merci pour ce retour ! Oui, tous les livres de la petite Polynie et de la Polynie ont énormément plu à mes deux garçons (qui sont encore trop jeunes pour les romans publiés en Grande Polynie). Je trouve qu’ils savent toujours bien parler aux préoccupations des enfants de cet âge. À chaque fois, ils rient beaucoup et en redemandent !

      Hugo, 8 ans, s’essaie de temps à temps à écrire des critiques. Voici pour info ce qu’il écrit sur deux de ces romans :

      – Truffe et Machin, d’Émile Cucherousset : « J’ai trouvé ce livre très rigolo ! Truffe et machin font beaucoup de bêtises et j’ai adoré les dialogues. C’est un peu comme « Tom-Tom et Nana », mais mettant en scène des lapins. J’ai adoré et je le recommande à ceux qui aiment bien la littérature jeunesse, les jeux dans la nature et l’humour ! »

      – Vendredi ou les autres jours, de Gilles Barraqué: « Bienvenue sur l’île déserte de Robinson et de Vendredi ! Ce petit livre nous permet de partager quelques jours de leur vie de naufragé : récolte de fruits, pêche aux crustacés, chasse au crucru, constructions en bois, jeu du crabe-caillou et jeu du « cocoquille », bavardages, disputes… Sans compter l’accueil de toutes sortes de visiteurs – militaires, cannibales, pirates, lions de mers… C’est la belle vie : on aurait vraiment envie de rater l’école (ou le travail), de flemmarder sur une île avec toutes sortes de choses délicieuses à portée de main et, surtout, les deux amis ont l’air de bien s’amuser toute la journée.
      Je recommande ce livre aux amateurs de rigolades et de jeux, ainsi qu’à ceux qui ont besoin de vacances ! »

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      1. Merci merci pour ces retours qui me mettent un de ses baumes à mon petit coeur de bibliothécaire ! Je me rends compte à quel point on fini par s’enfermer et enfermer les enfants dans des stéréotypes un peu bidon… et Hugo, t’es chroniques me donnent vraiment envie de lire le Robinson !

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