C’est qu’ils passeraient presque inaperçus, dans leur tranquille banlieue londonienne… Une famille qui déborderait certes d’énergie, dont les membres pourraient bien paraître un peu plus velus et dentus que la moyenne, mais alors vraiment en y regardant de près… La seule chose qui pourrait bien les trahir, c’est leur propension irrépressible à hurler de rire à la moindre occasion. Car oui, mais que cela reste entre nous, hein ! La vérité, c’est que les Zarnak sont une famille de hyènes !
Il souffle un vent de fantaisie et de bonne humeur sur ce petit roman dont la loufoquerie est toute britannique. Pour une raison qui m’échappe, les auteurs anglais semblent avoir la recette de ce type de romans à la fois follement extravagants et parfaitement plausibles, drôlissimes et corrosifs.
Ce charme singulier opère dès la couverture qui tourne en dérision les clichés de la petite famille traditionnelle et invite à se laisser aller à éclater (bruyamment) de rire ! Hugo et moi n’avons fait qu’une bouchée du roman à voix haute, ne nous interrompant pratiquement que pour nous tenir les côtes. Les péripéties des Zarnaks qui peinent à ne pas attirer l’attention, le comique de situation et les blagues intempestives de M. Zarnak ont ravi Hugo – ce n’est pas pour rien qu’il est un grand fan des blagues d’Astrapi… Mais le plus drôle, selon moi, ce sont les illustrations pleines d’ironie du talentueux David Roberts. Je ne suis pas étonnée qu’à la suite de Quentin Blake et Anthony Browne, il ait reçu le prestigieux prix Childrens’ Laureate. Rien que l’illustration ci-contre a fait s’esclaffer Hugo pendant cinq bonnes minutes !
Une telle dose de gaieté et d’entrain arrive à point nommé en cette période de grisaille. Mais le roman ne se limite pas à cela. Les tribulations des Zarnaks nous interrogent, certes sur le mode du rire, mais sur des sujets profonds et essentiels : les stéréotypes (car voyez-vous, les hyènes ne sont bien vues ni des hommes, ni des autres animaux), l’aliénation des humains passée au révélateur du regard des hyènes, leurs liens avec le monde animal, l’anticonformisme et la valeur de la tolérance.
Un livre à proposer sans hésitation aux jeunes enfants qui, comme Hugo, aiment l’humour et les animaux. Le découpage en chapitres courts, la police relativement grande, le jeu sur les typographies et les illustrations faciliteront la lecture des apprentis-lecteurs. On en redemande !
Extraits
« Alors vous pouvez me croire quand je vous dis que l’histoire que je vais vous relater ici est RIGOUREUSEMENT VRAIE. Il est primordial que vous n’ayez aucun doute là-dessus dans la mesure où il s’agit d’une histoire tout à fait extraordinaire. Et drôle. Drôlement bizarre. Très drôle et très bizarre en fait.
Mais véridique. Chaque mot est vrai. »
« La première chose que vous devez comprendre avant que je ne commence mon récit, c’est qu’au fil des ans, les humains sont devenus plutôt présomptueux et qu’ils se croient maintenant très supérieurs à tous les autres êtres vivants.
C’est faux. Ce n’est pas parce que les humains savent lire et écrire ou parce qu’ils se servent de couteaux, de fourchettes et d’ordinateurs, qu’ils sont plus intelligents que les animaux. C’est même stupide ! Saviez-vous qu’un écureuil peut cacher dix mille noix dans les bois et se rappeler où est dissimulée chacun d’entre elles ? Alors je vous pose la question : pourriez-vous vous rappeler où vous auriez caché dix mille noix ?
Les grenouilles peuvent dormir les yeux ouverts. Et vous ?
Un chat peut se lécher le derrière ! Vous ne trouvez pas ça fort ? »
« – J’ai lu dans un journal que les gens avaient ce qu’ils appellent un « boulot », annonça un jour Amelia.
– Ce ne serait pas un truc qui se mange ? demanda innocemment Fred. Quelque chose qui se boulotte ? »
Lu à voix haute en janvier 2020 – ABC Melody, Collection MeloKids+ (8 ans et plus), 13,50€
Je ne connaissais pas. Ça a l’air très bien. Les dessins, le style d’humour, la mise en page (j’aime bien le mélange texte-dessins)… Je note ! Merci.
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