Wonder, de R.J. Palacio (PKJ, 2013)

Wonder

« Nous devons le laisser, l’aider, le pousser à grandir. Voilà ce que je pense : on a passé tellement de temps à répéter à August qu’il était normal qu’il se croit comme les autres. Le problème, c’est qu’il n’en est rien. »

August est différent. Pas seulement hors-normes, c’est quelque chose de plus radical : il a beau essayer de cacher sa figure difforme – yeux asymétriques, oreilles presque inexistantes, bouche tordue – son apparition suscite des réactions épidermiques : regards appuyés ou fuyants, chuchotis, choc, curiosité, sollicitude ou hostilité. Une scolarité dans une classe « normale » est-elle envisageable pour un tel enfant ? En l’envoyant au collège, ses parents ne risquent-ils pas de l’exposer à des situations insupportables ? Anniversaires, photo de classe, travail en groupe, sorties, etc. ne seront-elles pas autant d’occasions de ressentir comme une claque à quel point il diffère ?

Mon fils aîné (presque 11 ans) et moi avons énormément aimé ce roman ! Il me semble que deux éléments principaux contribuent à rendre cette lecture à la fois captivante et bouleversante.

D’abord, les personnages magnifiques, à commencer par August qui révèle une lucidité et une humanité désarmantes. L’intrigue se nourrit des dilemmes de chacun : August est partagé entre son envie d’aller vers les autres et sa souffrance d’être rejeté, sa soif d’apprendre et la tentation de rester dans la sécurité du cocon familial. Ses parents, hyper sympathiques, s’efforcent de pousser à grandir leur petit garçon, de l’accompagner vers le vaste monde, tout en le protégeant des autres. Sa sœur est tiraillée entre sa tendresse immense pour August et le ressentiment de voir sa famille constamment pointée du doigt et l’attention de ses parents accaparée par son petit frère. Ses amis apprécient l’intelligence, l’autodérision et la loyauté d’August, mais craignent d’être stigmatisés à leur tour s’ils s’affichent avec lui. Ces dilemmes font que tout est ouvert. Tout – le meilleur, comme le pire – reste possible.

Cette ouverture est encore renforcée par le choix, très judicieux, d’une narration chorale. L’histoire est en effet racontée par August, puis par sa sœur Via, puis par une amie d’August, et ainsi de suite. Ce changement de perspective nourrit notre curiosité, révèle ce qui se cache derrière certains comportements et qu’August ne perçoit pas.

L’ambivalence de chacun laisse espérer qu’avec suffisamment de courage, les différences – si dramatiques puissent-elles paraître à première vue – se laisseront apprivoiser et surmonter. L’ensemble donne un roman lumineux et inspirant, qui donne confiance et envie d’être plus tolérant.

L’avis de Hashtagcéline

Lecture commune avec Antoine, juillet 2020 – Pocket Jeunesse, 8,20€

2 commentaires sur “Wonder, de R.J. Palacio (PKJ, 2013)

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  1. Bonjour, nous avions vu le film avec mon fils il y a deux ou trois ans. J’ai découvert ces derniers jours qu’il était tiré d’un roman inspiré à l’auteure par sa rencontre avec une petite fille.

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