Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette (Lattès, 2024)

Rentrée littéraire, huitième lecture !

Pas le moindre interstice, la plus infime marge ou fissure susceptible de laisser un peu de jeu : le monde imaginé par Sandrine Collette est verrouillé jusqu’au dernier centimètre carré, sous le joug des maîtres. On ignore si on a glissé dans un régime féodal du passé ou dans la noirceur d’un conte, le hameau des Montées semble en tout cas soustrait au temps et aux changements. Parquées entre fleuve et forêt, les mêmes familles triment depuis des générations pour les mêmes seigneurs, abattant les mêmes corvées harassantes au fil des saisons, s’échinant à simplement survivre à la prochaine famine, la prochaine épidémie.

« Nous avons toujours été des gueux et nous avons toujours eu des maîtres. Nous ne savons pas d’où cela vient. De l’éternité, sans doute. »

Et pourtant, vous imaginez bien qu’on ne va pas en rester là. On le sait dès le prologue qui instaure d’emblée la tension : quelque chose de dramatique, d’inconcevable va se produire. Une histoire qui débute avec l’apparition d’une créature frêle et imprévisible comme un grain de sable dans des rouages…

Évidemment, on brûle de savoir ce qui fera peut-être vaciller un ordre qui semblait immuable et on tourne donc les pages malgré un rythme d’abord lent. La narration sensorielle et immersive nous fond parmi les protagonistes, nous donnant l’impression d’étouffer avec eux, de vivre en alerte au moindre cri des chiens, de crever de faim, de nous cramponner à la moindre parcelle de tendresse. Et puis soudain, certains revirements que je n’avais pas vu venir.

En toile de fond, le roman sonde l’âpreté toute puissante de la nature, l’animalité des humains et leur libre-arbitre, l’intégrité de l’enfance encore imperméable aux injustices et les ressorts de la révolte. Des thèmes à la résonance finalement plus actuelle qu’il n’y paraît au premier abord.

Un roman sombre et guttural, comme un cri contre les injustices.

Lu en septembre 2024 – Lattès, 20,90€

4 commentaires sur “Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette (Lattès, 2024)

Ajouter un commentaire

Répondre à Lilou Annuler la réponse.

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑