Céleste, ma planète, de Timothée de Fombelle (Gallimard Jeunesse, 2009)

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« C’est un beau roman, c’est une belle histoire
C’est une romance d’aujourd’hui… »

En réalité, cette romance-ci ne commence pas si bien que cela. Le présent dont on parle fait d’autant plus froid dans le dos qu’il s’agit de l’anticipation d’un futur possible. Un monde de tours aux innombrables étages qui se perdent dans les vapeurs de pollution. Où le sens se résume essentiellement à la subsistance matérielle des individus et au profit d’une multinationale. Où personne ne questionne plus grand-chose. Où griffonner, jouer du piano, faire pousser des lentilles sur du coton, aimer peut devenir un moteur de la résistance. Toutes les tensions qui travaillent ce monde fragile, qui ne tient plus qu’à un fil, se cristallisent dans l’histoire de Céleste. Et croyez-moi ou non, c’est une belle histoire…

Céleste, ma planète diffère de mes précédentes lectures de Timothée de Fombelle (voir par exemple ici et ) par son format très court. Le texte se lit d’un trait, un peu comme un conte. J’ai retrouvé avec bonheur la générosité de l’auteur qui semble peser chacun de ses mots pour nous offrir un récit intensément vivant, sensible et captivant. Un roman lucide qui préfigurait, il y a une dizaine d’années déjà, les controverses environnementales actuelles. Qui nous bouscule, nous invite à résister, à ne pas perdre espoir. Un texte important, qu’il est urgent de (re-)lire !

Extraits

« Car ma mère n’était pas là. Jamais. Elle travaillait chez !ndustry. Vu sa coiffure, elle devait être dans les chefs. Elle travaillait énormément. Elle voyageait.
Moi, je la voyais une fois pas mois dans la salle d’attente de son bureau.
Elle me remplissait le frigo en ligne, tous les lundis. Elle voulait que je ne manque de rien. »

« Aujourd’hui, quand j’y repense, je trouve cette idée complètement débile. Trois cent trente étages de voitures. Autant accrocher des assiettes à des cintres. Mais je me souviens bien qu’à l’époque, ça me paraissait normal, et même assez malin.
C’est peut-être ce qui m’impressionne le plus. Que j’aie trouvé ce monde normal, et même assez malin. »

« En apparaissant dans ma vie, Céleste m’avait volé l’insouciance, l’indépendance, l’enfance. Elle m’avait tout pris et m’avait laissé les poches vides avec juste cette envie d’être avec elle.
Je ne lui en voudrais jamais de ce hold-up. Grâce à elle j’allais vivre éveillé. »

6 commentaires sur “Céleste, ma planète, de Timothée de Fombelle (Gallimard Jeunesse, 2009)

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