Ghost, de Jason Reynolds (Milan, 2019 pour l’édition française)

Ghost.jpg

Ghost, c’est d’abord une magnifique couverture jaune vif, placée sous le signe de la vitesse et esquissée dans un style cartoon qui a immédiatement donné envie à mes garçons de se plonger dans ce roman ! Une chouette leçon de vie, où il est question de sport, de dépassement et de réalisation de soi, pour celui à qui le sort n’a pas donné les meilleures cartes. Un texte qui a déjà conquis les Etats-Unis, restant cinq semaines d’affilées sur la liste des New-York Times Best Sellers et se propulsant parmi les finalistes du prestigieux National Book Award.

Depuis qu’il dû s’enfuir à toutes jambes avec sa mère pour échapper aux tirs de son père, Ghost l’a appris : courir, il sait faire. Grâce à la rencontre avec un coach et une équipe d’athlétisme, il découvre que la course pourrait prendre un autre sens que celui d’une fuite pour sauver sa peau : une motivation puissante, l’intégration dans une équipe et, pourquoi pas, une source de fierté… Mais Ghost parviendra-t-il à laisser derrière lui la violence et à canaliser sa rage pour parvenir à rester dans la course, déjouant ainsi les déterminismes sociaux et raciaux ?

Ghost est le premier tome d’une série dont chaque tome est centré sur l’un des membres de l’équipe d’athlétisme coachée par Otis Brody : Ghost, Patty, Sunny et Lu. De fortes personnalités qui ont en commun l’ambition de faire des étincelles sur la piste de course, mais chacun ses failles qui les rendent d’autant plus attachantes. Ce premier volet parle surtout de Ghost dont l’histoire est celle d’un gamin pauvre qui vit dans le quartier le plus délabré de la ville, à qui sa mère ne peut pas acheter grand-chose même si elle travaille très dur et dont le père est en prison. Malgré la misère, les stigmas sociaux et le poids du passé, Ghost fait tout ce qu’il peut pour trouver son chemin. Il trouve le soutien de personnes lumineuses dans son entourage, qu’il s’agisse de sa mère, du vieil épicier du quartier ou du coach avec lesquels il noue de très belles relations.

L’histoire de Ghost nous a tenus en haleine de bout en bout. Il la raconte sur un ton brut qui sonne « juste », avec des mots qui claquent en lecture à voix haute et qui vont droit au cœur. Je n’ai pas été surprise de lire que Jason Reynolds s’inspire de textes de rap pour écrire !

Antoine et Hugo ont beaucoup aimé ce roman qui leur a parlé à beaucoup d’égards. Ils partagent avec Ghost l’admiration de Usain Bolt et… une véritable passion pour le livre Guinness des records ! Ainsi que le goût de la compétition qui peut parfois sembler agaçant, mais qui est affirmé ici sans complexe, ce qui leur a beaucoup plu. Mais ils ont aussi été touchés par l’esprit d’équipe et par la belle entraide qui naît entre les coureurs. Et se sont laissés emporter par l’espoir porté par cette histoire qui est aussi celle de quelqu’un qui parviendra peut-être à battre en brèche tous les stigmas et à trouver sa voie.

Bon, il faut bien le dire, la fin nous a laissés un peu frustrés en nous laissant à ce point en suspens. Il ne reste plus qu’à espérer que la suite de la série sera très bientôt traduite et publiée en français !

Extraits

« Je ne sais pas si vous connaissez un mec qui s’appelle Andrew Dahl. Le gars, il détient le record du monde du nombre de ballons de baudruche gonflés… avec le nez. Vous imaginez ? Je ne sais pas trop comment il a découvert que c’était une compétence recherchée, et je veux même pas imaginer la quantité de morve qu’on pourrait trouver dans ces ballons-là, mais apparemment, c’est une discipline reconnue, et le meilleur à ce petit jeu, c’est Andrew. Il y a aussi une dame qui s’appelle Charlotte Lee, et elle, son truc, c’est les canards en plastique. C’est elle qui en a le plus. Au monde. C’est pas une blague. Ce qu’il y a de bizarre, déjà, c’est de vouloir avoir un canard en plastique chez soi. Alors 5631 ? Faut arrêter, un peu, non ? Quant à moi, je détiens sûrement le record du monde du nombre de connaissances accumulées sur les records du monde en tout et n’importe quoi. »

« Parfois, je me dis que j’aurais préféré qu’il reste en prison à vie. Mais de temps en temps, j’aimerais bien qu’il soit à la maison, assis sur le canapé à regarder le match en secouant dans sa main des graines de tournesol. En tout cas, une chose est sûre : c’est ce soir-là que j’ai appris à courir. »

« Tout ça pour dire j’en ai un, de casier judiciaire. Pas un vrai, hein. Pas comme les gens qui vont en prison. Moi, j’ai un casier judiciaire scolaire. Au collège, ils appellent ça un « dossier ». J’ai un dossier. Et même si je l’ai jamais vraiment vu, il doit être vachement gros, parce que je passe ma vie dans le bureau du principal, ou en retenue, ou à être exclu du collège pour avoir fait taire une grande gueule. Ben alors, Castle, pourquoi tes fringues elles sont si grandes ? Pourquoi ton futal il est si petit ? Pourquoi tu t’appelles Castle, comme un château ? Pourquoi t’as toujours cette odeur, comme si t’avais marché cent bornes pour venir jusqu’ici ? Pourquoi on a l’impression que quelqu’un t’a coupé les cheveux avec un couteau à beurre ? Et en réaction à ça, je… Bref. En langage du collège, j’ai un « comportement peu exemplaire ». Mais j’avais décidé qu’il n’y aurait plus jamais rien à écrire dans le dossier. Il resterait fermé pour toujours car désormais, ma carrière dans la course à pied (qui était en fait la première étape de ma carrière dans le basket-ball) en dépendait. J’avais trop à perdre. »

Lu à voix haute en novembre 2019 – Éditions Milan, 13,90€

7 commentaires sur “Ghost, de Jason Reynolds (Milan, 2019 pour l’édition française)

Ajouter un commentaire

    1. Merci, j’en suis ravie ! Juste une chose à savoir : comme le montrent les citations que j’ai choisies, le style est presque celui d’un discours « parlé », avec des mots en verlan et en argot… Ce ne sont pas les expressions parfois brutales et vulgaires des personnages de Boo, mais vu ce que tu avais écrit sur ce roman, je préfère que tu le saches avant !

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑