
Le premier volet du Boiseleur avait laissé Illian au seuil d’une nouvelle vie. Qu’allait-il advenir de lui ? Parviendrait-il à vivre un jour de son art, reverrait-il un jour Flora ? Voilà qu’un illustre maître sculpteur lui propose de rejoindre Bélizonde, cité des artistes, où l’attendent de nouvelles épreuves.
L’histoire prend un nouveau tour dans ce second tome. Illian était déjà virtuose mais maître Tullio lui fait comprendre que l’habileté n’est pas l’essentiel. Le jeune homme doit surmonter ses doutes, faire mûrir son art pour trouver sa propre identité, accepter que ses œuvres lui échappent. Gaëlle Hersent dessine très bien le processus de création et les sculptures pleines de mouvement qui en naissent.

J’ai été très intéressée par les réflexions sur l’art, le sens de la vie et du vivre-ensemble ou l’exil qui ponctuent ce second tome. J’ai aimé le voyage en navire, découvrir Bélizonde dont les prétentions artistiques semblent aux antipodes de la superficialité de Solidor où jouait le premier tome. Ce vernis masque pourtant des choses moins reluisantes : la cité est minée par de profonds clivages sociaux, la prétention des maîtres et la compétition à outrance que se livrent les artistes. Il y aurait de nombreux parallèles à faire avec d’autres mondes élitistes et compétitifs, comme celui de la recherche universitaire. Cette quête initiatique est manichéenne mais prenante : j’ai dévoré ces 118 pages d’un seul trait.
Le troisième tome du Boiseleur ne verra jamais le jour suite à la disparition d’Hubert. En hommage, Gaëlle Hersent a composé un épilogue reprenant les grandes lignes de l’histoire qu’ils avaient imaginée.
Entre conte social et hymne à l’art, une lecture agréable.
Lu en septembre 2022 – Éditions Soleil, 19,99€