Lu en avril 2018
L’auteure suédoise Astrid Lindren (1907-2002) est un pilier du patrimoine mondial de littérature jeunesse : ses livres se sont écoulés à plus de 144 millions d’exemplaires et d’après l’UNESCO, elle serait au quatrième rang des auteurs jeunesse les plus traduits dans le monde, après Enid Blyton, Hans Christian Andersen et les frères Grimm… Curieusement, Fifi Brindacier mise à part, les œuvres d’Astrid Lindgren semblent moins connues et populaires en France que dans d’autres pays comme l’Allemagne ou la Russie. Quel dommage quand on voit leur succès auprès des jeunes lecteurs (ou auditeurs) dans notre entourage ! Astrid Lindgren fait sans aucun doute partie de nos auteurs cultes et nous avons lu (et relu) Fifi Brindacier, mais aussi Karlsson sur le toit, Ronya, fille de brigand, Mio mon mio, Les farces d’Emile auxquels il faudra évidemment un jour consacrer un article sur ce blog !
Vous l’aurez compris, Astrid Lindgren est une valeur sûre et nous nous sommes donc procuré d’occasion L’As des détectives que nous n’avions pas encore lu. Ce petit roman de 150 pages nous plonge dans l’atmosphère estivale et paisible d’une petite ville suédoise où trois enfants jouent du matin au soir : Kalle Blomkvist, apprenti détective, Anders, chef du gang de la Rose blanche, et leur intrépide amie Eva-Lotte, fille du boulanger. Kalle désespère de jamais pouvoir mettre en pratique ses savoir-faire d’enquêteur dans cette ville où il ne se passe jamais rien… jusqu’au jour où, avec l’arrivée d’un mystérieux oncle chez Eva-Lotte, le garçon doit faire face à une affaire passionnante qui exigera les meilleurs réflexes !
Nous avons lu ce petit roman d’un trait et avec délectation pour plusieurs raisons. D’abord, les scènes de jeu des enfants, qui n’ont pas pris une ride, sont à la fois crédibles, prenantes et hilarantes. On s’y croirait et on se prend presque à regretter de n’avoir pas l’âge de monter un cirque ou de mener la guerre des deux roses contre la Rose rouge ! Ensuite, les dialogues sont très réussis et, eux aussi, souvent très drôles, démontrant le talent d’Astrid Lindgren pour restituer l’humour, l’insouciance et parfois la drôlerie propension à la vanterie des enfants. L’intrigue est en outre pleine de suspense et ce roman se lit d’un trait, avec des séquences vraiment palpitantes. On adore voir Kalle mettre en pratique les ficelles du métier inculquées par ses modèles, Sherlock Holmes, Hercule Poirot et Sir Peter Wimsey : collecte et analyse d’indices, empreintes digitales et de pneus, consignation systématique de tous les détails dans un carnet, filature. « Simple travail de routine ! ». Et toutes les scènes de jeu qui auraient pu sembler être des digressions prennent tout leur sens lors d’un final absolument décoiffant ! On comprend donc très bien comment Kalle Blomkvist est devenu l’un des personnages les plus célèbres d’Astrid Lindgren – c’est d’ailleurs en hommage au jeune détective que Stieg Larsson a nommé l’un des héros de Millenium Blomkvist. Il y a fort à parier que ce roman ravira tous les jeunes lecteurs comme il a captivé Antoine et Hugo!
Extraits
« Simple travail de routine, évidemment, mais être au courant de ce qu’une personne est susceptible d’acheter dans une quincaillerie peut vous en apprendre long sur le compte de ladite personne. »
« Sixte mit sur pied, sans conviction, un traité de paix comportant des clauses extrêmement dures pour les Blancs. Par exemple : acheter un sac de bonbons pour les Rouges avec la moitié de l’argent qu’ils recevaient chaque semaine. Si un Blanc rencontrait un Rouge dans la rue, il devait s’incliner profondément par trois fois et dire : ‘Seigneur, je sais que je ne suis pas digne de marcher à tes côtés’. »
Éditions Rageot, 1972, disponible seulement d’occasion (une édition plus récente a été publiée en 1981 par Folio Junior)