Steam Sailors, tome 1 : L’Héliotrope, de E.S. Green (Gulf Stream éditeur, 2020)

Vous ferez bien un petit tour à bord de l’Héliotrope ? La couverture promet un périple placé sous le signe de l’imaginaire et de l’aventure. Puis cartes à l’ancienne et plan du vaisseau annoncent la couleur steampunk, le ronronnement des machines et le cliquetis de fascinants mécanismes d’horlogerie ! Et par la magie des mots, nous voilà bientôt au cœur d’un univers follement romanesque, à l’intersection entre le monde de La Passe-Miroir, les romans de Jules Verne et L’île au trésor de Stevenson…

« On savait peu de choses mais l’on racontait que le ciel était habité par des sorciers, de sauvages cannibales et surtout des pirates, alcooliques et blasphémateurs. Si ces histoires terrifiaient les habitants du Bas-Monde, elles les fascinaient tout autant car, ayant échappé à l’emprise des Industriels, le Haut-Monde avait probablement su conserver les prodiges des Alchimistes avant que ne meure le dernier d’entre eux. »

Quatre siècles après la Grande-Fracture, la révolte gronde dans le Bas-Monde contre la misère et le joug de la caste industrielle. Qui peuplait le monde avant la fracture ? Comment ont-ils disparu ? Leurs inventions sont-elles perdues à jamais ? Nul ne semble le savoir : les vestiges de cette époque révolue ont été détruits, ne laissant subsister que d’obscures légendes. On en est également réduit à spéculer à propos de ce qui se trame dans les territoires suspendus du Haut-Monde. Un monde qui va se révéler à Prudence, enlevée à bord du navire pirate de l’Héliotrope…

« – Et alors petite, on ne connaît pas les couchettes surr terrre ? demanda le nouveau venu avec son drôle d’accent.
– Il y a un homme mort dans le placard, dit Prudence, hébétée, comme si cela expliquait la situation.
– Ha ? dit simplement Sergeï en redressant la chaise tombée au sol. »

À la suite d’Antoine qui n’a fait qu’une bouchée de ce roman, Hugo et moi l’avons parcouru à voix haute alors que par un concours de circonstances opportun, la tempête et l’orage se déchaînaient dehors. Un moment de lecture formidable qui n’a été terni que par un certain nombre de coquilles qui auraient manifestement demandé une relecture plus attentive. Nous nous sommes complètement laissé embarquer par l’intrigue, huilée comme les rouages de la salle des machines. Prudence est sympathique et mystérieuse, ses aventures nous ont captivés – comme d’ailleurs celles des Steam Sailors qui élèvent la piraterie, la chasse aux trésors et les courses-poursuites avec la flotte royale au rang d’art ! Leur audace (le mot est faible) donne au roman un souffle réjouissant. Mais leur navire, à bord duquel on rêverait tant d’embarquer, est aussi un refuge pour les âmes cabossées, un lieu d’entraide où autour d’une pinte de bière ou d’hydromel, les choses peuvent toujours s’arranger.

« Tu penses sûrement que la confiance est un mot curieux pour parler d’une bande de criminels, mais un serment de pirate est ce qu’il existe de plus sacré et respectable pour ceux qui s’y soumettent, dit Gareth. »

E.S. Green nous raconte tout cela d’une plume si alerte qu’on a du mal à croire qu’il s’agit d’un premier roman, entretenant le suspense, dosant l’humour, étoffant son univers de manière très cohérente. On sent qu’elle en a sous le pied : les prochains tomes pourraient notamment nous en apprendre plus sur la Grande fracture et la situation politique instable des différents mondes.

L’autrice a bien raison de citer en épigraphe G.W. Curtis qui disait que « l’imagination vaut bien des voyages et elle coûte moins cher ». Son livre nous a transportés et nous n’attendons que le deuxième tome pour repartir. Hisse et ho !

Merci à Linda et à Lucie de m’avoir donné envie de découvrir ce livre !

Lu à voix haute en juin 2021 – Gulf Stream éditeur, 17€

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