Apprivoiser les écrans et grandir, de Serge Tisseron (2013, Érès)

Psychiatre, chercheur en psychologie et co-rédacteur du rapport de l’Académie des sciences intitulé L’enfant et les écrans, Serge Tisseron propose ici, sous la forme d’un petit livre, des repères simples pour initier les plus jeunes aux écrans.

Il souligne à juste titre le contexte plus général dans lequel s’inscrivent les excès d’écrans, miné par le poids des enjeux commerciaux et les maux de notre temps – souffrance, stress, précarité sociale et professionnelle. Les dérives liées aux écrans ne se résoudront pas en culpabilisant leurs usagers : elles exigent une réflexion profonde sur nos modes de vie, nos contraintes et les raisons qui conduisent à laisser un enfant seul devant la télévision ou la tablette.

Les savoirs relatifs aux conséquences des usages des écrans à chaque tranche d’âge de l’enfance sont brièvement résumés, démontant au passage un certain nombre d’idées reçues sur les usages des réseaux sociaux par la jeune génération. Sur cette base, le livre dresse une feuille de route simple autour des quatre étapes que sont l’entrée en maternelle (3 ans), l’entrée en CP (6 ans), la maîtrise de la lecture et de l’écriture (9 ans) et le passage au collège (11-12 ans). Les repères donnés pour chaque âge visent à initier les enfants à l’auto-régulation tout en encourageant les pratiques créatrices et socialisantes mobilisant les technologies numériques.

Les pistes proposées sont donc stimulantes, même si j’aurais aimé recevoir des conseils plus précis pour les mettre en application. Pour mes moussaillons de dix et douze ans, j’ai retenu le principe de convenir d’un volume horaire clair, de privilégier des programmes spécifiques avec un début et une fin et d’éduquer à l’auto-régulation plutôt que de tomber dans une surveillance vaine. À la suite de cette lecture, nous avons évoqué les trois lois d’Internet (Tout ce qu’on y met peut tomber dans le domaine public ; Tout ce que l’on y met y restera éternellement ; Tout ce que l’on y trouve est sujet à caution) qui m’ont semblé pertinentes et percutantes. J’ai aussi pris le temps de les interroger sur leurs expériences d’écran et ils ont été ravis de m’en parler.

Une lecture intéressante, même si elle commence à dater. Cela se voit dans le poids accordé à Facebook par rapport à d’autres réseaux qui ont aujourd’hui plus de poids, mais aussi dans l’absence de développements plus récents, en particulier les campagnes de manipulation en ligne comme le scandale Facebook-Cambridge Analytica, face auxquelles les plus jeunes semblent particulièrement démunis.

Lu en septembre 2021 – Éditions Érès, 10€

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