Quitter la vallée, de Renaud de Chaumaray (Gallimard, 2025)

« Ici, les paysages racontaient sans ambage l’affrontement qui opposait l’eau à la pierre. En résultait un territoire tout en compromis : soit la Vézère prenait ses aises, élargissait les fonds de vallée et creusait la roche comme du beurre, soit le calcaire résistait et contraignait la rivière aux détours et aux cingles. »

Cette vallée du Périgord semble presque en marge du monde. Verdoyante et sculptée par les cours d’eau, riche de terrasses dissimulées par la végétation, surplombées par des forteresses d’un autre temps, elle déploie un cadre qui semblerait presque avoir plus de trois dimensions en même temps qu’un mille-feuille temporel. Et offre une multitude de possibles, une mine romanesque et une métaphore aux sens multiples…

Clémence y voit un refuge où fuir la violence de son conjoint. Leur petit garçon, lui, identifie immédiatement les lieux comme un extraordinaire terrain de chasse aux trésors.

Fondu de paléontologie employé comme technicien à la grotte de Lascaux, Fabien, lui, aime surtout arpenter les lieux, sur les places de Marcel Ravidat et ses amis, rêvant de découvrir des peintures rupestres d’un autre temps, de se faire une place parmi les experts du domaine et d’impressionner sa fille.

Et pour Guillem, la région est un berceau qu’il connaît comme sa poche et qu’il n’a jamais sérieusement envisager de quitter. Jusqu’au jour où une fille irrésistible, de passage dans le coin, le suit dans le vallon, nourrissant des idées qu’il n’aurait jamais pu concevoir jusque-là…

Un vieil homme qui rode, un enfant qui disparaît, un tunnel qui prend des virages imprévisibles, un destin qui bascule : chacune de ces trois quêtes monte en tension et l’on tourne les pages, se demandant comment tout cela va bien pouvoir se terminer.

Évidemment, on se demande aussi si ces histoires ont plus en commun qu’un même lieu !

J’ai beaucoup aimé me laisser prendre de court par les révélations finales (un vrai twist qui nous fait tout reconsidérer !) et m’abandonner à la belle réflexion à laquelle nous convie Renaud de Chaumaray sur la relativité du temps qui passe et la manière dont une vallée comme celle de la Vézère absorbe les drames et revirements qui peuvent faire basculer une vie.

Une respiration bienvenue, en cette rentrée littéraire, portée par une plume vive et une dose de suspense.

Lu en septembre 2025 – Gallimard, 20€

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