Le Boiseleur, tome 1 : Les mains d’Illian, de Hubert et Gaëlle Hersent (Éditions Soleil, 2019)

Imaginez une ville médiévale obnubilée par les oiseaux exotiques, un apprenti-sculpteur merveilleusement doué, un maître cupide. Peiné de ne pas gagner assez pour posséder un oiseau, Illian sculpte un rossignol si bien réussi qu’il semble vivant. Il n’imagine pas une seconde les répercussions que pourrait avoir son acte…

Le conte donne à réfléchir aux injustices et à la vulnérabilité des plus pauvres, à la folie consumériste que les marchands n’hésitent pas à exploiter et aux humains qui se détournent de la nature pour suivre de vaines modes. Un propos clair-obscur car dans cette vacuité rayonne Illian, esthète sincèrement enchanté par l’art de la sculpture et le chant cristallin des oiseaux. Et il y a Flora, aussi…

Le duo d’auteurs alterne des séquences BD classiques et des doubles-pages pleines de détails qui contribuent à installer l’atmosphère particulière du conte. Le registre semi-réaliste des illustrations n’est pas celui que je préfère mais j’ai aimé ressentir le plaisir qu’a pris Gaëlle Hersent à représenter les recoins de la cité, les objets sculptés de l’atelier ou les parures des notables. Le Boiseleur se rapproche parfois aussi de la narration de l’album, avec des récitatifs particulièrement littéraires qui décrivent la presque-île de Solidor, le paysage musical composé par le chant des oiseaux de la ville ou les pensées d’Illian.

Tout cela est original et bien joli, mais manque de rythme à mon goût. Dans cette lecture douce et profonde, vous trouverez beaucoup de poésie mais peu de péripéties. Cela dit, le protagoniste est suffisamment attachant pour me donner envie de lire le second tome et de découvrir ce qu’il devient.

Et comme toujours avec cet éditeur, l’objet-livre est superbe !

Lu en septembre 2022 – Éditions Soleil, 19,99€

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