Hugo de la nuit, de Bertrand Santini (2016)

Lu à haute voix en mai 2018

Alors, bienvenue Hugo, dans un monde plus magique que le plus magique des rêves !

Laissez vous tenter par la couverture splendide de Hugo de la nuit et ouvrez ce conte moderne ahurissant ! Effrayant dès les toutes premières pages, il nous entraîne dans un décor spectral de garrigues et de vallons, au creux d’une nuit d’été où tout, absolument tout peut arriver… Imaginez qu’un vivant se retrouve brusquement parmi les morts, voire que les morts aient l’opportunité de revenir une heure à la vie… Une dose de magie, mêlée à un soupçon d’histoire et à un voile de secret : Hugo parviendra-t-il à survivre aux périls terribles qui le guettent, lui et sa famille ?

Tous les ingrédients sont réunis pour produire un cocktail détonnant. L’intrigue est passionnante et nous conduit à travers la nuit, de la première à la dernière page – même si Bertrand Santini se permet de petites digressions autour d’anecdotes souvent délirantes… Rebondissements et coups de théâtre se multiplient aux moments où l’on s’y attend le moins. Les personnages, vivants et morts, sont pour le moins hauts en couleur et leurs dialogues (souvent géniaux !) font vibrer le roman d’une énergie communicative.

Ce qui fait la particularité du roman, c’est pourtant sa capacité à nous faire rire (à gorge déployée dans le cas d’Antoine et de Hugo) des questions les plus graves – et avant tout de la mort. Deuil, suicides, meurtres motivés par les motifs les plus sombres, alcoolisme, cadavres en décomposition, mares de sang, intoxication spectaculaire aux champignons hallucinogènes… Aucun détail ignoble ne nous est épargné. Au final, je n’oserais jamais offrir ce roman à d’autres enfants (je ne sais pas si j’aurais amorcé cette lecture à des enfants de 7 et 8 ans si j’avais su !), mais ce moment de partage a incontestablement permis de dédramatiser le sujet et a laissé tout le monde d’excellente humeur. Force est de constater que cela fait du bien de rire de tout cela !

Si bien que je me suis demandé si Bertrand Santini ne nous livre pas un métadiscours sur l’art de ne pas dissimuler les choses aux enfants, à travers la bouche de la mère du héro : « Il y a une chose que je n’écris pas dans mes livres, tu sais ? Une vérité qu’il est inutile de raconter aux enfants. Le monde est un endroit cruel, injuste et absurde. Je le cache non pas pour mentir ou tricher, mais parce que je crois que les histoires sont faites pour consoler et donner du courage. Mais quoi qu’on écrive, quoi qu’on invente, le monde demeure cruel, injuste et absurde. Nous avons eu cette chance, longtemps, de le tenir à distance. Mais il nous a retrouvés. »

En refermant ce livre, on se dit qu’il s’agit d’un très bel hymne à la vie et à la vérité.

 

Extraits

« L’émotion le submergea lorsqu’il songea à ses parents, son chien, sa nounou et tous ces êtres encore prisonniers de la terre. Hugo aurait voulu redescendre pour leur annoncer que tout allait bien, que la vie n’était pas si sérieuse et la mort pas si méchante. »

« – Monsieur, ce n’est guère le moment de s’exprimer en rimes, alors que chaque instant nous rapproche d’un crime !
– Vous en faites aussi !
– De quoi ?
– Des rimes !
– Je voulais simplement dire, s’emporta Nicéphore, qu’en situation de crise, la poésie n’est pas de mise !
– Mais vous faites exprès ou quoi, avec vos rimes à la noix ! hurla Cornille.
– Tiens ! Vous rimez aussi ! remarqua le sorcier. »

« – Vous vous êtes fait mal, maman ?
– Oui ! C’est affreux ! C’est piquant ! C’est glacé ! C’est brûlant !
– C’est la vie ! répliqua son fils d’un ton fataliste et subtilement satisfait. »

« Monsieur nous pique une crise au prétexte qu’il est mort ! Il y a tout de même pire dans la vie ! »

« Vivre sur terre
C’est bon pour les légumes
Moi je veux de l’air
Et vivre comme une plume »

Grasset Jeunesse, 13,50€

hugodelanuit

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