Les sept étoiles du Nord, d’Abi Elphinstone (2019)

J01690_sept-etoiles-nord_sansrabats.inddL’un des plus grands charmes de nos lectures du soir est de nous extraire du quotidien pour nous entraîner dans des contrées lointaines, merveilleuses et surprenantes… C’est une expédition des plus captivantes que nous venons de faire à travers les terres polaires imaginées par l’autrice écossaise Abi Elphinstone ! Les sept étoiles du Nord nous transportent dans un univers de glaces, de forêts boréales et de tribus qui évoque la mythologie nordique et le souvenir d’autres pépites littéraires, en particulier La Reine des Neiges (celle de Hans-Christian Andersen, évidemment !), Les Royaumes du Nord de Philip Pullman, Le Club de l’Ours Polaire d’Alex Bell et l’album Anya et tigre blanc, de Fred Bernard et François Roca. Le prologue plante le décor en racontant la genèse du pays d’Erkenwald, une histoire de dieux et déesses stellaires à la magie puissante, mais aux relations conflictuelles qui se répercutent de façon dramatique sur le monde des hommes : « La plus petite déesse stellaire était jalouse de la puissance de l’étoile Polaire et voulait régner elle-même sur Erkenwald. Une nuit d’hiver, elle quitta la constellation et plongea vers la Terre. »

Dès les premières pages, je savais que ce roman allait captiver mes deux petits amateurs de mythologie ! On découvre ensuite la terrible reine des Glaces qui règne sur Erkenwald en semant la terreur et la division entre les tribus. Eska est retenue prisonnière dans son palais ; on lui prête un pouvoir mystérieux, mais elle ignore lequel puisqu’elle a été privée de tous ses souvenirs. Flint se risque à entrer dans le palais de la reine pour tenter de délivrer sa mère. Ils s’évadent ensemble, apprennent à se connaître et s’efforcent d’organiser la résistance…

Il s’agit là précisément du type de romans que j’aimerais trouver plus souvent pour mes petits dévoreurs de livres qui apprécient les textes longs permettant une immersion dans un univers singulier, mais qui sont encore trop jeunes pour beaucoup de lectures destinées aux adolescents et aux jeunes adultes. La magie et le souffle épique qui animent ce récit feront sans aucun doute vibrer ces lecteurs et lectrices en herbe qui se laisseront happer avec plaisir par l’intrigue et l’imagination d’Abi Elphinstone. Les personnages sont à la fois attachants et empreints de mystère, puisqu’ils se découvrent eux-mêmes au cours de l’aventure. L’héroïne, Eska, suscite l’identification et son lien particulier avec les aigles a beaucoup fait rêver les garçons. Ce récit initiatique porte de belles valeurs de liberté, de courage, de solidarité et d’ouverture au-delà des frontières. Alors certes, la vision du monde est manichéenne et je n’ai personnellement pas douté un seul instant de l’issue heureuse de l’aventure, mais ces caractéristiques sont celles qui font de ce roman une lecture adaptée pour de bons lecteurs à partir de l’école primaire…

L’objet-livre est très soigné : belle couverture mêlant lueurs boréales et scintillement des étoiles, tranche colorée, pages parsemées d’étoiles (à moins que ce ne soient des flocons de neige) et imprimées sur du papier recyclable…

Jeune fille et son aigle

Merci beaucoup à Gallimard Jeunesse de nous avoir permis cette expédition exaltante à travers les terres gelées d’Erkenwald ! Nous en sommes revenus ravis, avec l’impression d’avoir voyagé très loin…

Bonus : Le documentaire La Jeune fille et son aigle offre une très jolie manière de prolonger cette lecture, en découvrant une autre jeune fille qui apprend elle aussi à dresser des aigles, dans les montagnes de Mongolie.

 

Extrait : « Flint était assis dans le hamac de sa chambre et regardait la lumière du soir par une fenêtre ronde. Petite extension biscornue sur le côté de la cabane perchée où il habitait avec Tomkin et Blu, la chambre de Flint ressemblait davantage à un laboratoire. Les murs circulaires étaient tapissés de placards qui contenaient des centaines de bouteilles, flacons, ampoules et tubes à essai remplis de liquides bouillonnants. Il s’agissait d’inventions encore inabouties. Flint laissait toujours les portes des placards ouvertes quand il était dans la pièce : il préférait garder un œil sur ses expériences, au cas où quelque chose tournerait mal.
Il joua distraitement avec les fils argentés de son hamac. Il l’avait fabriqué à partir de rayons de lune et de toiles d’une espèce très rare (voire quasi éteinte) d’araignée des glaces. Au bout de plusieurs semaines d’expériences et de consultation de l’écorce où étaient gravées des formules sur la magie d’Erkenwald, Flint avait découvert que ce tissage assurait des rêves excellents.
Son regard glissa sur certaines de ses autres créations, alignées sur les plus hautes étagères. Un ballon en cuir de caribou rempli de vent, qui filait si vite quand on tapait dedans qu’il était presque impossible qu’un adversaire l’arrête. Une horloge météorologique, qui indiquait le temps qu’il faisait au lieu de l’heure en crachant des flocons de neige, des rayons de soleil ou de la brume, selon le cas. Un coffre où il avait enfermé un orage (qui lâchait de temps en temps un rot sonore) avec une pincée de poussière de lune, et qui, ouvert à minuit précisément, produisait pendant un mois des pièces d’argent. Il y avait aussi des lanternes alimentées par le soleil, des rouleaux de cordage en nuages tressés… »

Lu (d’un trait, ou presque !) à voix haute en février-mars 2019 – Gallimard Jeunesse, 15€

8 commentaires sur “Les sept étoiles du Nord, d’Abi Elphinstone (2019)

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  1. je suis contente de lire ton avis. J’ai failli acheter ce livre à sa sortie et suis finalement repartie sans car j’avais peur que ça ne ressemble trop au « Club de l’ours polaire » que nous avons lu il y a peu. Finalement même si on y retrouve des Eléments communs, ces deux titres semblent bien différents. Je me laisserai tenter lors de mon prochain passage en librairie.

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    1. Je te comprends, j’ai eu un peu la même interrogation ! L’univers est polaire et l’héroïne principale féminine dans les deux cas, mais j’ai trouvé les deux romans sensiblement différents – notamment parce que Les sept étoiles du Nord ont ce registre mythologique, parce que le type de quête est différent et parce que sauf erreur, il ne s’agit pas d’une série… J’espère qu’il vous plaira autant qu’à nous !

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    1. Merci beaucoup ! Cela me fait particulièrement plaisir de la part de quelqu’un que j’ai déjà lu souvent – ça m’a d’ailleurs fait penser de rajouter un lien vers votre blog. À bientôt j’espère ! Isabelle

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