Blackwater, tome 1 : La crue, de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture, 2022)

« J’imagine que c’est la crue qui m’a portée là. »

Elinor semble sortie de la crue noire qui noie Perdido, petite ville de l’Alabama en ce printemps 1919. Pourtant sa beauté blême est aux antipodes de ces eaux tourbes, nauséabondes et dévastatrices. Comment a-t-elle pu survivre seule, dans l’hôtel submergé par la crue ? D’où vient-elle et surtout pourquoi dépense-t-elle autant d’énergie auprès d’une communauté qui n’est pas la sienne ? Dans la ville en reconstruction, elle se rend indispensable, envoute les habitants ; même les éléments ne semblent pas résister à son aura. Telle un fleuve imperturbable, la voilà qui s’immisce dans les failles du clan Caskey, riche famille de propriétaires. Le bras de fer s’engage avec la matriarche Mary-Love, déterminée à refouler cet élément perturbateur.

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont encore fait très fort en traduisant cette série-fleuve initialement parue en 1983. Et fidèles à leur réputation d’artistes de l’objet-livre, ils donnent au texte un écrin somptueux. Pourtant, les tomes paraissent au format poche, pour un prix modique donc, en conservant le format initial du feuilleton, avec six tomes épisodes publiés au rythme d’un tous les quinze jours.

Ce premier volet a piqué ma curiosité. L’intrigue se noue dès les premières lignes, le mystère s’épaissit, la tension monte et les pages se tournent rapidement. On voit vite qu’il ne s’agira pas d’une saga familiale classique. D’abord parce que ce sont les femmes qui occupent le devant de la scène, puissantes, calculatrices, dont on brûle de découvrir les tréfonds. Ensuite parce que plusieurs événements sèment le trouble et nous entraînent vers un registre différent, subtilement fantastique, noir, voire horrifique. Une préfiguration sudiste de Twin Peaks ?

Une série étrange et addictive, portée par une plume alerte. À lire, pour se laisser emporter complètement ailleurs et pour le plaisir du feuilleton !

Lu en mai 2022 – Monsieur Toussaint Louverture, 8,40€

3 commentaires sur “Blackwater, tome 1 : La crue, de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture, 2022)

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  1. Une collègue m’en a parlé aussi avec beaucoup d’enthousiasme, étant devenue totalement accro alors que selon elle ça n’a rien d’extraordinaire pourtant, mais il y a un truc totalement addictif dedans apparemment. Du coup, je l’ai acheté et j’ai hâte de commencer le mois prochain 😄

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