Prunille présidente ! de Jean-Claude Mourlevat, Marine Carteron, Susie Morgenstern, Christophe Mauri, Flore Vesco, Stéphane Michaka, Christelle Dabos, Victor Dixen, Clémentine Beauvais, François Place, Anne-Laure Bondoux, Yves Grevet et Timothée de Fombelle (PKJ, 2022)

Comme le souligne l’émérite professeur Gould, les événements de mars 2022 interloqueront sans doute longtemps les historiens et les chercheurs en science politique : comment la candidature à l’élection présidentielle de Prunille, onze ans, a-t-elle pu provoquer de telles répercussions ? Heureusement pour nous, la fine fleur de la littérature jeunesse s’est réunie pour reconstituer l’enchaînement des faits. Ils sont de ceux qu’on ne résume guère – vous n’y couperez pas, cet ouvrage incontournable doit être lu par toutes et tous ! Je me bornerai à noter l’implication d’un certain nombre d’éclairs à la vanille, de conseillers patibulaires, d’une horde de pêcheurs islandais et d’une vieille légende anglaise…

Comme Si on chantait ?, ce roman a été écrit suivant une formule de cadavre exquis : le rôle d’entremêler les fils d’intrigue a été dévolu à Jean-Claude Mourlevat, puis les autres auteur.ice.s se sont passé le relai jusqu’au dénouement imaginé par Timothée de Fombelle. Cela fonctionne à merveille, on pourrait croire que cette histoire a coulé d’une seule et même plume. On a juste envie, plus que dans un autre roman, de se demander après chaque chapitre quelles directions l’histoire pourrait prendre, comment l’auteur.ice suivant.e va se dépêtrer de certaines situations. Et c’est franchement réjouissant de se laisser surprendre par les péripéties qui naissent de leur imagination, les running gags et fils rouges tissés d’un chapitre à l’autre, la façon dont certain.e.s rebondissent sur un détail apparemment insignifiant glissé plusieurs dizaines de pages plus tôt. Chapeau !

Mon moussaillon et moi n’avons fait qu’une bouchée, à voix haute, de ce roman amusant, haletant et plein d’optimisme. Stéphane Michaka a raison d’écrire (chapitre 6) que « le travail de l’historien finit où commence celui de l’imagination ». Ce roman parle mieux qu’un ouvrage didactique de la politique et de la démocratie. Sur un mode joyeusement loufoque, il nous parle de ce que la vie politique peut avoir d’abscons, de centralisé et d’exclusif, du rôle des promesses électorales et de la communication politique, des protocoles et des conseillers, mais aussi de la solitude et de l’impopularité des gouvernants. Mais surtout, il pose LA question qui intéresse les jeunes lecteur.ice.s : pourquoi n’auraient-ils pas leur mot à dire ?

Une lecture jubilatoire à lire et à donner à lire sans hésiter. Et comme jamais deux sans trois : croisons les doigts pour que l’expérience soit reconduite très bientôt !

Lu à voix haute en mai 2022 – Pocket Jeunesse, 7,95€

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑