
Colère et poésie se conjuguent dans ce petit livre d’art aux allures de manifeste. Car ces pages donnent une voix à celle qu’à la réflexion, on n’entend jamais : la fille du conte. Cible de toutes les injonctions, ballottée par les destins de seigneurs, enfermée dans une tour, un mur d’épines infranchissables ou un foyer qu’elle doit récurer à longueur de journée, elle subit, s’adapte de son mieux. On ignore tout de ses rêves, de ses frissons et de ses désirs.
Frédérique Bertrand met furieusement en forme et en couleurs la mue de la peur bleue à l’horizon rouge. Thomas Scotto et elle imaginent la fuite, le costume qui tombe, la liberté retrouvée.

La forme poétique n’est peut-être pas la plus facile d’accès, j’ai dû relire le texte attentivement pour pleinement entrer dedans (en même temps c’est court !) et je n’ai pas encore tenté de le faire découvrir à mes moussaillons.
Mais à la relecture, j’ai aimé la subtilité avec laquelle le texte fait allusion aux contes de Perrault, Grimm et Andersen, mais aussi entre autres au mythe du péché originel. Et finalement, la poésie des mots et des illustrations m’a semblé percutante et intéressante. « Parce qu’au bout du conte, tout au bout du conte », il y a « la vie en vrai ». Qui sait combien ces récits ressassés par chaque génération au point de former une sorte de répertoire universel imprègnent notre vision des choses et du champ des possibles ? Alors donnons une épaisseur aux filles d’histoires (ce qui est génial avec les histoires, c’est que les possibilités sont sans limite) pour mieux repousser les confins de nos horizons.
Merci beaucoup aux copines du grand arbre – Frede, Lucie et Linda – de m’avoir fait découvrir ce livre inclassable !
Lu en avril 2023 – Éditions du Pourquoi Pas, 10€
Il est vraiment original tant sur la forme que sur le fond ! Je me retrouve dans ta critique, notamment sur le besoin de relire le texte pour vraiment s’en imprégner et y sentir toutes les subtilités 😉
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Un album plein d’intelligence que j’espère pouvoir rapidement lire et que j’aurais adoré lire plus jeune.
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