Gone with the Wind, roman graphique adapté par Pierre Alary d’après Margaret Mitchell (Rue de Sèvres, 2023)

État de Georgie, plantation de la famille O’Hara, 1861. On ne parle plus que de la Guerre de Sécession qui se profile, les hommes trépignent à l’idée de terrasser l’armée nordiste. Scarlett O’Hara, elle, a autre chose en tête : l’homme qu’elle aime vient d’annoncer ses fiançailles avec une autre femme. Sa détermination aura-t-elle raison des coutumes familiales, des idées du mariage et de la guerre ?

« Chère Scarlett, quiconque d’aussi égoïste et déterminé que vous n’est jamais sans défense. »

L’obstination un peu immorale de Scarlett est si outrancière qu’elle en devient presque drôle, voire touchante. La jeune femme ne doute pas un instant qu’Ashley l’aime, sa passion dévorante ne recule devant rien. Elle n’a ni ferveur patriotique, ni fibre maternelle, ni souci du qu’en-dira-t-on, mais elle sait ce qu’elle veut. Mais c’est peut-être précisément ce tempérament qui se révélera précieux alors que le monde s’écroule et que les repères moraux et privilèges volent en éclats…

Mon souvenir du roman de Margaret Mitchell n’est pas très précis mais l’adaptation me semble fidèle. Comme toujours, les éditions Rue de Sèvres ont mis les petits plats dans les grands : format somptueux, dos toilé, beau papier brillant, couleurs chaudes comme le climat sudiste. J’y ai retrouvé la fresque d’une société corsetée et consanguine et la description des ressorts (assez universels) d’une guerre dont le sens se dérobe. Le format du roman graphique vient augmenter ce récit magnifiquement raconté de décors de plantations, de grandes maisons bourgeoises et de rues.

Et le sulfureux Rhett Butler vient pimenter l’intrigue. L’homme d’affaire détonne dans le décor, prenant un malin plaisir à se montrer sous son mauvais jour et à dire tout haut ce que beaucoup osent à peine penser… On pourrait presque se demander comment face à quelqu’un d’aussi intrigant, Scarlett peut rester aussi obnubilée par le lisse Ashley. Le cliffhanger final laisse entendre que cette question n’est pas tranchée – le rendez-vous est pris pour la parution du deuxième volet.

Quel souffle : autant en emportent les pages !

Extraits

« La vie d’Ellen n’était pas facile ni vraiment heureuse, mais c’était le lot des femmes.
C’était un monde d’hommes, et elle l’acceptait comme tel.
L’homme possédait les terres, la femme les administrait.
L’homme s’attribuait tous les mérites de la gestion, et la femme louait sa clairvoyance.
Élevée dans la tradition des grandes dames du Sud, elle avait appris à porter son fardeau tout en conservant son charme quelque peu austère. »

« Si les gens qui décident des guerres ne les rendaient pas sacrées, qui irait se battre ? Toutes les guerres sont des querelles d’argent. Alors parfois on les cache sous des ‘sauvons le tombeau du Christ des païens », ou des « À bas le papisme », et encore « le coton, l’esclavage et les droits des États ». Allons… »

Lu en juin 2023 – Rue de Sèvres, 25€

2 commentaires sur “Gone with the Wind, roman graphique adapté par Pierre Alary d’après Margaret Mitchell (Rue de Sèvres, 2023)

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  1. Joli mot de la fin !
    J’ai aussi été emportée par cette adaptation que j’ai trouvé très réussie.
    Tu as raison sur ce bel objet, cette belle mise en couleur et surtout les personnages
    J’ai également hâte de découvrir le second volet.

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