Perspective(s), de Laurent Binet (Grasset, 2023)

Meurtre à Florence !

Le nom de Laurent Binet et la forme du polar historique épistolaire m’ont fait de l’œil. Je me suis laissé tenter et je ne l’ai pas regretté : j’ai passé un excellent moment !

« Vous voyez tout ce que cette histoire peut avoir de déplaisant et pourquoi le Duc a tenu à en confier la résolution à un homme de confiance, faisant, dans le même temps, circuler la rumeur que le pauvre Jacopo avait mis fin à ses jours en raison de l’extrême mécontentement de lui-même dans lequel il était tombé. Il n’en demeure pas moins que tout ceci me laisse dans un épais brouillard, pour quoi je me permets, à afin de démêler les fils embrouillardés de cette ténébreuse affaire, de solliciter votre grande sagesse dont je sais qu’elle égale presque votre talent et concourt pleinement à votre génie. »

Les missives échangées par les membres de la famille Médicis, les artistes Vasari, Michel-Ange et Bronzino, leurs proches, des sœurs adeptes des idées de Savonarole et même le pape Paul IV entremêlent plusieurs fils d’intrigue à partir d’un drame : le peintre Pontorno est retrouvé mort dans la chapelle de San Lorenzo où il travaillait depuis onze ans à une fresque qui devait rivaliser avec la Sixtine. Chargé par Cosimo de Médicis d’éclaircir l’affaire et de gérer les répercussions, Giorgio Vasari va avoir fort à faire. Car en ce milieu du XVIe siècle, Florence est la ville de toutes les passions…

« Messire Strozzi m’a un peu expliqué votre affaire : il s’agit donc d’aller dérober un tableau au coeur même de la Seigneurie, dans la propre garde-robe du Duc, là où celui-ci passe plusieurs heures par jour, au milieu d’une foule de gens et de gardes, puis de sortir le tableau du Palais et de lui faire franchir en secret les portes de Florence pour l’expédier à Venise ? C’est parfait. »

La forme épistolaire est très réussie, on ne s’ennuie pas une seule seconde et on s’y croirait. Les lettres sont tour à tour désespérées ou directrices, naïves ou ironiques, flagorneuses ou excédées. Tout en suivant le développement de l’enquête, on plonge dans une époque tourmentée où les génies ornaient les murs des églises, les Médicis se débattaient à la fois avec des opposants républicains et des exilés fidèles aux Français tandis que le pape orchestrait son inquisition contre les milieux artistiques.

J’ai adoré reconnaître les hauts-lieux de Florence que je connais bien car nous y avons vécu un an. Ce roman m’a donné envie de rechercher plusieurs peintures de la Renaissance.

Ludique, réjouissant : une première bonne pioche dans la rentrée littéraire !

Lu en août 2023 – Grasset, 21,50€

2 commentaires sur “Perspective(s), de Laurent Binet (Grasset, 2023)

Ajouter un commentaire

  1. Nos billets sur ce roman sont parus le même jour et je partage entièrement ton avis. Belle découverte pour ce début de rentrée littéraire !

    J’aime

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑