Pearl et le monstre marin, de Willem Samuel, Anthony Silverston et Raffaella delle Donne (Rue de Sèvres, 2022)

Une mère disparue, un père qui tire le diable par la queue à cause de la crise économique : la vie n’a pas été amène avec Pearl. Alors elle ne sort pas beaucoup de sa coquille. Convaincue qu’elle ne peut compter que sur elle-même, elle se débrouille, pêchant dans les eaux sud-africaines pour le compte de braconniers afin de gagner quelques sous. Car dans les fonds marins où n’ondulent que coraux et poissons, tout est différent, elle se sent en sécurité. C’est là qu’elle va rencontrer une titanesque créature marine avec laquelle un lien inattendu va se nouer. Mais voilà, les marins s’agitent en reconnaissant le monstre comme le responsable du naufrage d’un navire qui le pourchassait…

Les illustrateurs et coloristes viennent du film d’animation et cela se ressent dans le dessin : aplats de couleurs vives, trait énergique et un style parfois proche du manga avec des onomatopées et des traits un peu outranciers chez certains personnages. Ce type de graphisme digital n’est pas celui que nous préférons. Mais nous qui aimons tant l’océan, nous avons aimé plonger avec Pearl dans les grandes cases immersives de cet album. Ses pages sont gorgées d’iode, d’eau de mer et de goulées d’air frais du port. En toile de fond, la crise économique, l’expérience des galères qui poussent à des extrémités comme le braconnage pour survivre.

« Bon, alors, tu devrais récupérer l’usage de tes…euh… tentacules très vite. »

L’histoire est charmante. Elle m’a agréablement rappelé l’album Le secret du rocher noir, de Joe Todd-Stanton (qui s’adresse à des lecteur.ice.s plus jeunes) ou la figure de King Kong. De jeunes filles s’y attachent à des êtres effrayants et nous donnent à réfléchir à ce que les humains perçoivent spontanément comme des monstres – le danger ne vient pas toujours d’où on l’attend. Pearl montre également comment certaines rencontres peuvent donner la force de surmonter son passé et de s’ouvrir aux autres.

Une BD optimiste qui porte un important message d’écologie et de résilience.

Lecture commune avec les moussaillons, juillet 2022 – Rue de Sèvres, traduction d’Alice Delarbre, 16€

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