Là où chantent les écrevisses, de Delia Owens (Points, 2021)

La solitude, sans appel.

Abandonnée par sa mère, ses frères, puis son père, Kya vit seule dans le marais de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Sauvage, crasseuse ou même bonne à enfermer : les commérages vont bon train en ville sur la « Fille des marais » que pourtant nul n’approche. Cette créature qui ne demande rien à personne a aussi quelque chose de fascinant. Pourquoi voudrait-on s’isoler là, à moins d’être d’avoir quelque chose à dissimuler ?

Son histoire n’est pourtant pas celle que l’on attend. À l’image du marais où la vie se décompose et se recompose, elle n’ignore rien de la noirceur mais déborde de vitalité. La jeune femme se débrouille, suit son bonhomme de chemin entre herbes coupantes et vents furieux, marécages et brumes troubles. Grâce à Tate, sa vie bifurque de manière inattendue.

Cette histoire qui débute en 1952 s’entremêle de manière captivante avec une affaire criminelle de 1969. Cela permet à Delia Owens de déployer à plein ses talents de conteuse en jouant sur deux tableaux.

L’enquête pour meurtre place le récit sous tension – et cette tension va grandissante, nous faisant tourner les pages de plus en plus vite jusqu’à un final émouvant et inattendu.

Mais pas trop vite non plus, afin de pouvoir savourer la beauté saisissante dont le décor du marais infuse le quotidien de Kya. L’autrice décrit à merveille les flaques de lumière et d’ombre, la musique des pins qui se courbent, le parfum suave des tourbières ou le souffle palpable des grenouilles et des salamandres. Fascinée par ce paysage grouillant de vie (qui m’avait déjà fait forte impression dans Le Prince des Marées de Pat Conroy), je brûle désormais de le découvrir un jour.

Rencontre du suspense et de la luxuriance littéraire, pas étonnant que ce roman ait fait autant de bruit !

Lu en juillet 2022 – Format poche aux éditions Points, traduction de Marc Amfreville, 8,50€

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