Le bien-nommé Pierre Lemaitre a encore frappé. Avec une verve et une maîtrise intactes, il apporte une nouvelle pièce à sa fresque historico-familiale. On retrouve les Pelletiers rassemblés en région parisienne, où les trajectoires des uns et des autres se croisent, se mêlent, bifurquent. Quel plaisir !
Plaisir du feuilleton où l’on finit par connaître intimement les personnages que l’on voit grandir, mûrir, vieillir, travailler de l’intérieur la tectonique familiale au fil des repas dominicaux, sous l’œil bienveillant du patriarche Louis et du chat Joseph. Plaisir de se laisser captiver par les rebondissements, trahisons, déclarations d’amour et cliffhangers distillés chapitre après chapitre : impossible de reposer le livre.
Plaisir de voir une ribambelle de personnages s’étoffer sous la plume experte de l’auteur qui donne chair à des figures ambivalentes, parfois déroutantes, souvent émouvantes. Il sait camper un personnage en quelques lignes, jouer des zones d’ombre et des petits travers (seul bémol : l’obsession soudaine de Geneviève pour l’astrologie, qui m’a semblé un peu lourdingue).
« Le renseignement est une discipline basée sur la trahison. »
Plaisir des intrigues secondaires qui nous entraînent sur des terrains inattendus, notamment celui du roman d’espionnage. Direction Prague, ses ruelles glacées et ses cachots humides, dans une ambiance palpitante et paranoïaque digne de John le Carré.
Plaisir d’être transportée à l’orée des années 1960, prémisses d’un nouveau monde dont le roman sonde les fondements productivistes et les dynamiques sociales et politiques. Entre services des renseignements, école de bonnes sœurs, salles de rédactions sous la coupe du régime gaulliste et dîners d’industriels, Lemaitre continue de mêler grande et petite histoire, avec une sensibilité particulière pour les perspectives enfantines et féminines.
Cette fois, c’est François qui tient le rôle principal, après Étienne et Hélène. Le prochain tome sera-t-il celui de Jean ? Si c’est le cas, on peut s’attendre à tout. À tout !
J’ignore ce que le tome final réserve à la famille Pelletier, mais une chose est sûre : cette série romanesque entre toutes est, elle, promise à un avenir radieux.
Lu en avril 2025 – Calmann-Lévy, 23,90€
L'île aux trésors - Lectures et aventures du soir 
Une famille à la rencontre de laquelle j’aimerais aller vu les beaux avis que je lis des lecteurs. Il faut juste que j’ose franchir mon blocage vis-à-vis de la blanche ^^!
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De la littérature blanche ? Ça me semble le titre idéal, Lemaitre vient du polar et joue beaucoup sur les codes (ici ceux du roman d’espionnage). C’est vraiment une lecture 100% plaisir, très très bien écrite mais qui ne se prend pas la tête 🙂
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Oui ^^! Oh, tu vois, je suis tellement ignare en la matière que je ne savais pas qu’il venait du polar, cela a de quoi me rassurer qu’il en conserve les codes. Merci 🙂
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Appréciant la plume de l’auteur, cette saga familiale me tente bien d’autant que le travail sur les personnages a l’air convaincant.
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Mais oui ! Ce sont des personnages profonds, avec l’épaisseur et l’ambiguité qu’il faut pour nourrir une tétralogie. N’hésite pas à tenter, pour ma part, j’ai été captivée tout de suite 🙂
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