Le Sang des innocents, de S.A. Cosby (Sonatine, 2024)

Titus Crown a fort à faire à l’approche de la Foire d’automne. L’élection de l’ex-agent du FBI comme shérif du bien-nommé comté de Charon galvanise les suprémacistes locaux qui ne se remettent pas qu’un homme noir occupe ce poste. En face, au contraire, les contre-manifestants comptent sur lui pour endiguer les violences racistes – y compris celles qui émanent des « forces de l’ordre ». Sans compter les prêcheurs illuminés qui manipulent des serpents… Dans ce contexte chauffé à blanc, la fusillade qui se déclare au lycée pourrait bien mettre le feu aux poudres.

Auteur noir natif de l’État de la Virginie, S.A. Cosby développe une intrigue policière à rebonds multiples sur fond de violences sudistes. Le sang coule, les policiers doivent recouper les éléments le plus vite possible et la tension ne faiblit pas.

« Violence et chaos, sang et larmes, amour et haine… Autant de pierres sur lesquelles s’était bâti le Sud, autant de fondations sur lesquelles se dressait désormais le comté de Charon. »

En toile de fond, un comté marqué par deux siècles de violences qui semblent impossibles à surmonter. Il suffirait à peine de souffler un peu sur les cendres du passé pour tout embraser. S.A. Cosby choisit de braquer son projecteur sur les marginalisés de la société et de la littérature – ceux qui se brisent le corps à travailler, ceux qui doivent supporter cinquante nuances de racisme ou les violences d’un patriarche.

L’intrigue et la fresque sociale sont portées par un protagoniste magnifique et complexe qui se révèle à petites touches : Titus Crown en impose par sa clairvoyance et sa ténacité, il intrigue et émeut surtout par les fêlures que l’on devine sous sa carrure impressionnante. La part de mystère qui entoure l’enquêteur vient encore titiller notre curiosité et je vous mets au défi de ne pas vous attacher à sa famille cabossée mais qui s’aime envers et contre tout.

Ainsi, S.A. Cosby sait donner du rythme, mais parvient aussi à traduire l’émotion et à restituer les violences sudistes. David Joy a raison, en prologue, de souligner que Le Sang des innocents n’est pas qu’un roman policier mais « un roman de poids ». Captivant jusqu’au (magnifique) dénouement.

Lu en mai 2024 – Sonatine, 23€

7 commentaires sur “Le Sang des innocents, de S.A. Cosby (Sonatine, 2024)

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  1. J’ai beaucoup aimé également ce roman ainsi que son précédent. Il me reste à lire son premier et je le lirai car c’est un auteur vraiment intéressant et excellent ! Merci pour ta chronique

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    1. Merci à toi d’être passée par ici ! Quel est le roman précédent que tu as lu ? Cela m’intéresse car c’était la première fois que je lisais S.A. Cosby 🙂 Comme toi, j’ai bien envie de lire ses autres titres.

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      1. J’ai lu aussi « La colère » que j’avais lu avant « Le sang des innocents » et franchement, je le trouve même meilleur ! Il me reste à lire « Les routes oubliées », son premier. Vraiment, « La colère » est vraiment excellent ! 😉

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