L’incroyable histoire du homard qui sauva sa carapace, de Thomas Gerbeaux (illustrations de Pauline Kerleroux, La Joie de Lire, 2020)

L'incroyable histoire du homard qui sauva sa carapace_couv

« J’avais neuf ans l’été où j’appris d’un homard le sens du mot liberté. »

Dès cette phrase qui ouvre la préface, je savais que j’allais adorer ce livre. Quelques mots suffisent pour planter un décor de dunes, de vagues et de moutons et nouer l’intrigue : une petite fille fait la rencontre d’un homard en cavale. Figurez-vous que le fugitif vient de s’échapper d’un restaurant où il était promis à la casserole ! Et que l’épatant crustacé s’est promis de ne pas se faire la malle avant d’avoir libéré jusqu’à la dernière étrille ses compères restés dans le vivier…

Quelle lecture formidable pour nos vacances sur la côte Atlantique ! Le suspense est addictif, les dialogues savoureux et l’histoire malicieuse, racontée avec un mélange d’ironie et de tendresse. Mais surtout, la plume de Thomas Gerbeaux enchante l’ensemble, l’irradiant du charme des contes, des comptines enfantines et des parties de jeu remportées contre un ami imaginaire. Les illustrations stylisées de Pauline Kerleroux font écho à cette poésie.

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Voilà donc un texte à mettre absolument entre les mains des lecteurs et lectrices en herbe. Ou, comme nous l’avons fait, à lire à voix haute pour le plaisir de laisser résonner chaque mot.

Ce petit livre se lit comme un roman d’aventure, une perche tendue à nos consciences, un hymne à la liberté, à la joie de la rencontre et à la solidarité. Une pépite haute en couleurs qui divertit et donne de l’espoir ! Car « qui sauve un homard, sauve l’océan ».

PS : j’aurais pu dédier cette critique à François de Rugy et à tous les amateurs de homard, mais comme je n’ai pas mauvais esprit, je m’en suis abstenue !

Extraits

« Avec leurs longues pattes et leurs carapaces sculptées, les araignées formaient l’aristocratie du vivier. Les plus gros crabes, les dormeurs, enviaient les traits fins des araignées. Les plus petits crabes, les étrilles, admiraient quant à eux leur grande taille. Les homards, par principe, n’admiraient ni ne craignaient personne. Ils appréciaient cependant la compagnie des araignées et acceptaient de partager avec ces dernières un peu du prestige naturel que leur conféraient leur élégante carapace et leurs pinces musclées, dont on disait qu’elles pouvaient fendre la pierre. Personne ne les avait jamais vu briser la moindre roche mais, vraie ou pas, la légende suffisait à donner aux homards une autorité naturelle que personne ne contestait. »

«  – Tu vois toujours l’aquarium à moitié vide, dit Mancho. On n’est pas si mal ici. L’eau est bonne, on est bien nourris. Si ça se trouve, les gars ont raison ; la liberté est peut-être au bout de l’épuisette.
– La mort, dit le homard. L’épuisette, c’est la mort. »

« – Tu ne m’avais jamais dit que tu avais une famille, dit le homard.
– Tu ne me l’avais jamais demandé, répondit Mancho. Et toi, tu en veux, des enfants ?
– Oui, répondit le homard. Peut-être.
– Combien ?
– Pas trop, vingt ou trente mille.
– Tu as raison, dit Mancho, au-delà, c’est trop de responsabilités. »

Lu à voix haute en août 2020 – La Joie de Lire, 10,50€

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