Le journal malgré lui de Henry K. Larsen (Helium, 2013 pour la traduction française)

Après le drame qui a frappé sa famille, Henry tente de prendre un nouveau départ avec son père, dans une autre province canadienne. Ce journal tenu malgré lui (seulement pour faire plaisir à son psy, c’est juré) en témoigne : difficile de repartir de zéro, de s’ouvrir tout en s’efforçant de dissimuler une histoire traumatisante et stigmatisante… Et pourtant, Henry résiste tant bien que mal. Il révèle des ressources incroyables, s’attache à d’autres « esseulés » et découvre le pouvoir libérateur de l’écriture.

Résumé comme ça, ce roman ne doit pas franchement avoir l’air d’un feel-good. Ce n’en est pas un. Cela dit, Susin Nielsen semble avoir le secret pour parler des sujets les plus graves – harcèlement, dépression, alcoolisme – de façon très franche, mais jamais pesante. L’intrigue est prenante, on se demande ce qui est arrivé à la famille de Henry et ce qu’elle va devenir. Les faits insolites qui ponctuent le journal de Henry (« LE SAVIEZ-VOUS ? »), son humour pince-sans-pire, les frasques de ses amis, et bien sûr le rôle clé joué par le catch dans cette histoire offrent des respirations. On rit souvent de bon cœur et in fine, c’est le message d’espoir qui l’emporte.

Hugo et moi avons parcouru ce journal entre rires, sidération et émotion. Cette lecture a provoqué une discussion importante sur le harcèlement et la nécessité de briser la loi du silence. Qu’avons-nous fait juste après ? Vous l’aurez deviné, nous sommes évidemment allés regarder la ligue planétaire de catch !

Un roman coup de poing, bouleversant de justesse et étrangement réconfortant.

N’hésitez pas à lire également l’excellent Partis sans laisser d’adresse, de la même autrice.

Extraits

« LE SAVIEZ-VOUS ? Les orques se déplacent en meutes. Chaque meute a sa propre série de cliquetis, sifflements et cris. Cela renforce la cohésion du groupe.
C’est exactement pareil à la rentrée des classes : une flopée d’enfants terrifiés arrivent d’un peu partout, et en l’espace de quelques semaines, ils forment leur bande. »

« Je connaissais cette expression. Je l’avais vue souvent chez Jesse, quand il s’était fait humilier par Scott. C’était une expression compliquée. Moitié je hais Troy, moitié je me hais moi-même. »

« Pourquoi tu t’appelles Alberta ? Pourquoi pas Saskatchewan, ou Manitoba ? »

« – Le Grand Splatch ?
J’ai fait de mon mieux pour le décrire à Cécil.
– Mettons que son adversaire soit au tapis. Le Danois grimpe sur les cordes qui entourent le ring. Il s’accroupit… (Je suis monté sur une chaise afin de mieux lui montrer.) Et ensuite, il se jette en l’air. Pendant un instant, on dirait qu’il vole. Et ensuite, il atterrit sur le ventre en travers du torse de l’adversaire. SPLATCH ! »

Lu à voix haute en mai 2021 – Hélium, traduction de Valérie Le Plouhinec, 15,50€

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