Bienvenue au club, de Jonathan Coe (Gallimard, 2003 pour la traduction française)

Bienvenue au club ! Vous voici au lycée King William’s de Birmingham, au cœur des seventies anglaises. Le décor est plus vrai que nature, les syndicats tiennent la dragée haute aux industriels et les babas-cool s’éclatent. Vous connaîtrez bientôt Benjamin, Doug et tous les autres, qui ont des préoccupations bien de leur temps : monter un groupe de musique, se risquer à Londres, tenir le journal du lycée et flirter. On se laisse prendre par les intrigues qui traversent la bande et son entourage, les liaisons sulfureuses ou fantasmées, les frasques potaches, les rêves et les rivalités. Mais très vite, on pressent, au-delà de cet horizon d’insouciance, les clivages sociaux et territoriaux, la montée de l’extrême-droite et du thatchérisme qui travaillent la société en arrière-plan, jusqu’à rattraper les personnages…

Jonathan Coe fait très fort pour mêler petite et grande histoire, entrelaçant différents fils narratifs, tons et registres pour mieux nous captiver : j’ai dévoré ce livre avant de me précipiter sur les deux tomes suivants qui suivent les mêmes personnages dans les années 1990 2010 – et, je l’espère, dénoueront certains fils laissés en suspens comme la disparition d’une jeune femme.

Ces pages sont très plaisantes à lire – pittoresques et mélancoliques, tendres et féroces. La toile de fond sociale et politique donne de l’épaisseur au récit, donnant à voir toute la dureté des rapports sociaux sans rien lui ôter de sa fraîcheur. On pressent que l’Angleterre est à l’image des ados de l’histoire : à la croisée des chemins, sur le point de tourner une page cruciale. Cette charnière s’incarne dans des épisodes savoureux, comme celui qui voit la mode musicale basculer du rock progressif et de ses interminables solos de guitare aux morceaux de punk en deux minutes et quatre accords. Ou cette scène d’amour exaltante sous l’œil sévère de Margareth Thatcher en poster sur le mur… Autant dire que je brûle de découvrir ce que l’auteur aura fait de l’actualité politique de la période plus récente qui m’est plus familière.

Un roman à remonter le temps magistralement construit au charme so british : vous l’aurez compris, complètement ma cup of tea !

Lu en août 2021 – Folio, 9,70€

3 commentaires sur “Bienvenue au club, de Jonathan Coe (Gallimard, 2003 pour la traduction française)

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    1. C’est vrai que j’en chronique moins et quand je le faisais, c’était seulement sur Babelio. Je me suis rendu compte que c’était dommage de ne pas publier mes billets « non-jeunesse » ici et j’ai décidé de créer une nouvelle catégorie 🙂 J’espère vraiment que ce roman te plaira autant qu’à moi !

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