
Ce cochon en peluche délavé et rapiécé, Jack y tient plus que tout. Surtout depuis que son existence tombe en lambeaux. S’il venait à se perdre, le garçon serait prêt à aller au bout du monde pour le retrouver – et même au pays des Choses perdues, accompagné du contrariant Cochon de Noël…
« Il avait déterré LC en pleurant de bonheur et papa avait dit que ce cochon ne reviendrait plus jamais à la plage, ce que Jack trouva très injuste car LC aimait beaucoup le sable, c’était même pour cela que Jack l’y avait enterré. »
« L’un des meilleurs livres que nous ayons lu – presque du niveau de Karlsson sur le toit. » Verdict sans appel pour mon moussaillon qui est tombé complètement sous le charme de cette histoire. Il faut dire que lui aussi voue une tendresse indéfectible à un animal en peluche élimé qui partage, depuis toujours, ses bonheurs et ses peines. Comme Jack, il s’est attaché à certains objets et reliques de tranches de vie – et dont il est hors de question de se séparer. Il n’aurait aucun mal à imaginer la détresse de ces choses si elles venaient à être perdues ou jetées…
« Ah, les enfants ! s’exclama l’ouvre-boîte avec dédain en détachant deux autres tickets bleus qu’il donna à Jack et au Cochon de Noël. Ils sont responsables de la moitié des pertes d’Objets, ces petites brutes insouciantes. »
J.K. Rowling brode avec l’habileté qu’on lui connaît à partir de là, donnant vie à toute une galerie d’émouvants personnages-objets. Par-delà des péripéties tout à fait captivantes, cet intéressant pays que nous explorons avec Jack nous donne à réfléchir sur tout ce qui peut se perdre et, dans la masse, à ce qui revêt plus ou moins de valeur dans notre monde consumériste où les choses se jettent et se remplacent en un clin d’œil. Des objets utiles ou superflus, à valeur sentimentale ou absolument vitale. Mais aussi des principes. Ou l’inspiration. C’est malin et inventif, drôle et acéré.
Les illustrations de Jim Field donnent corps à cet univers à la lisière entre Alice au pays des Merveilles et Toy Story – et suggèrent d’ailleurs que l’histoire de Jack et du Cochon de Noël fournirait une chouette matière pour un film d’animation.
Très bien joué, une fois de plus, pour l’autrice de Harry Potter. Après ça, vous ne verrez jamais plus vos affaires de la même manière !
Les avis de Lucie, Linda et Blandine
Lu à voix haute en février 2022 – Gallimard Jeunesse, traduction de Jean-François Menard, 20€
C’est vrai qu’il a matière à une adaptation cinématographique !
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