Entre récit d’aventures et roman apocalyptique, la trilogie Black Cloud commence très fort : essayez un peu de coucher votre moussaillon après ça !
Djack, Chu et ZeCrow sont de drôles d’oiseaux, chacun à sa manière. Un matin de printemps, les trois frères se réveillent dans le noir. Un obscur et mystérieux nuage enveloppe le monde, le privant de jour. Poussières soulevées par un astéroïde ? Explosion nucléaire ? Éruption volcanique ? Nul le sait. Les gens sont très vite plus occupés à survivre dans la perspective d’un printemps sans récolte qu’à chercher des explications. Les informations se tarissent et on cesse d’attendre des solutions collectives. Dans un monde où on ne peut plus se fier à personne (pas même au voisin ou à la camarade de classe), la solidarité et la perspicacité des frères va être mise à rude épreuve…
Je pense toujours aux théoriciens du contrat social quand je lis Vincent Villeminot. Il sait comme personne passer à la moulinette les dilemmes hobbesiens pour en faire des intrigues palpitantes qui donnent à réfléchir sans en avoir l’air. Quel goût auraient les relations humaines dans une obscurité qui ne serait plus régulée ? Que resterait-il, d’ailleurs, de notre humanité ? Ces questions sous-jacentes donnent de la profondeur au roman mais il n’en reste pas moins un récit d’aventures où chaque chapitre charrie son lot de péripéties et de cliffhangers.
J’ai trouvé jolie l’alchimie de cette famille atypique. La lucidité du père, l’ingéniosité du frère aîné qui organise les stocks et bricole une douche, le sang-froid de Chu, le bagout de ZeCrow et la drôlerie de leurs dialogues, tout compte et la solidité de cette cellule familiale est réconfortante dans l’adversité.
Les illustrations en clair-obscur de Julien Martinière ponctuent visuellement le récit, au début, au milieu et à la fin, donnant une touche supplémentaire à son atmosphère inquiétante.
Car la tension est maximale à l’ombre du nuage. Comme on ne peut que deviner les menaces tapies dans l’obscurité, notre imagination s’emballe avec celle du narrateur qui nous propulse à la lisière du fantastique. Quels monstres devront affronter nos trois frères – animaux mutants ? Humains désespérés ? Que restera-t-il de leur famille ? Nous lirons assurément le tome 2 (heureusement prévu pour novembre !) pour le savoir.
Lu à voix haute en octobre 2023 – Pocket Jeunesse, 13,90€
J’aime beaucoup ce genre de petite lecture et parfois j’aimerais avoir des élèves plus grands pour pouvoir en profiter avec eux, mais à 7 ans, ça reste compliqué des textes aussi longs ^^!
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Tes élèves ont trop de chance ! Mais je te confirme, c’est un roman qui s’adresse plutôt aux enfants à partir du collège (un peu avant pour ceux qui lisent bien et qui n’ont pas froid aux yeux, ça fait assez peur !)
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En plus du cadre sous tension, cette famille a l’air intéressante à suivre !
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Oui, carrément ! Je n’en ai pas dit plus sur chaque membre de la famille pour vous laisser le plaisir de faire leur connaissance mais ils sont très… intéressants 🙂
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Gabrielle vient justement de se laisser tenter par ce premier tome. Ta critique intrigue et donne envie d’aller découvrir ce que l’auteur a une fois de plus su mettre en avant pour questionner notre rapport à l’autre.
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