Les dragons, de Jérôme Colin (Allary Éditions, 2023)

Jérôme est au pied du mur : il va enfin se pencher sur son passé, afin de voir ce qui peut être réparé et s’efforcer d’avancer. Le voilà donc de retour l’année terrible de ses quinze ans, aux prises avec son mal-être, sa colère et les monstres qui le hantent. Une décision de justice l’envoie alors dans un centre de soins psychiatriques pour adolescents. C’est là qu’il rencontre les dragons. Et Colette.

« Le dragon est comme tout le monde, mais tout le monde a décidé qu’il était différent. Il croit qu’il est seul au monde parce qu’on ne lui a pas dit qu’il y avait sur Terre d’autres dragons. Alors, il se traîne sur son petit territoire du matin au soir en se demandant comment il va faire pour cesser d’être un dragon… »

Le roman est joliment construit. À observer l’existence du Jérôme adulte, on pressent certaines choses de son passé qui vont être racontées au fil de ses souvenirs. Et la dernière partie nous donne à voir ce qui va suivre après l’introspection. Subtilement, passé et futurs se répondent pour délivrer un message d’espoir.

L’intrigue centrale est très (trop) courte, je trouve. Il me semble que le roman aurait gagné à mettre un peu plus de chair sur l’intrigue. Celle-ci est ramassée sur l’évolution de Jérôme au contact des dragons – qui m’a semblé très rapide vu la relative brièveté du texte. Cette focale ne permet guère, sinon, que de restituer les biographies déchirantes des naufragés de la vie rencontrés au centre de soins. Je ne doute pas un instant de la sincérité de l’auteur mais du fait de cette compaction de l’intrigue, cela peut sembler tire-larmes et/ou démonstratif.

J’ai pourtant bien conscience que c’est un cri d’alarme que lance ce roman. Dans notre société, les jeunes sont un peu la cinquième roue du carrosse. De nombreux ados souffrent, particulièrement depuis la pandémie. L’école rejette trop souvent ceux qui n’entrent pas dans le moule et les listes d’attentes pour des soins psychiatriques n’ont jamais été aussi longues. Qu’attend-on pour agir ?

« Il faut aimer cet enfant. Parce qu’il n’a que quinze ans. Pour lui, tout est encore possible. Il n’y a rien de plus effrayant. »

J’ai aimé la bienveillance avec laquelle l’auteur considère les ados. Veut-on vraiment se couler dans le rang dans un monde qui marche autant sur la tête ? Ce que font la majorité des gens a-t-il tant de valeur que cela ? Le jeune Jérôme a une saine horreur du conformisme et de ses compromissions. Et pourtant, il aimerait être moins seul. Et puis arriver à grandir, s’autoriser à investir sa vie malgré tout ce qui cloche à tous les niveaux.

Un cri à destination des adultes assorti d’un tendre message d’espoir à nos adolescents.

Lu en octobre 2023 – Allary Éditions, 18,90€

4 commentaires sur “Les dragons, de Jérôme Colin (Allary Éditions, 2023)

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑