Sous ta peau, le feu, de Séverine Vidal (Nathan, 2021)

Décidément à l’aise sur tous les registres, Séverine Vidal est encore parvenue à me surprendre avec ce roman historique aux accents très actuels. Nous voici donc dans le Bordelais une vingtaine d’années avant la Révolution française, en pleine épidémie de variole. Ange, 17 ans, accompagne son père médecin qui l’initie au métier et tente de canaliser un peu ses rêves révolutionnaires : pas toujours évident face à tant de fougue – plus encore depuis sa rencontre avec la jeune Esmée dont la famille a été décimée par la maladie…

Quelle bonne idée de proposer une perspective décalée (car vue du 18ème siècle) sur les thématiques les plus brûlantes de notre époque ! Ce roman m’a fait réaliser l’ampleur effarante de l’épidémie de variole et les parallèles frappants (toutes proportions gardées) avec ce que nous vivons aujourd’hui. Vous objecterez peut-être : n’avons-nous pas suffisamment entendu parler depuis deux ans de masques, de désinfection, de décompte des victimes, de peurs plus ou moins rationnelles et d’immunisation ? J’ai trouvé, justement, que le roman permettait de mettre les choses en perspective. La découverte de l’ampleur et de la durée des épidémies passées, mais aussi des débats qui ont entouré l’importation des techniques d’inoculation de Constantinople, m’ont aidée à relativiser ce que nous traversons. Sur une note optimiste, le récit pointe la façon dont en deux siècles et demi, la médecine moderne a transformé la société, le quotidien et le rapport à la mort.

Ce roman est aussi et surtout une histoire d’amour portée par des personnages lumineux. La tendresse entre Ange et son géant de père, la passion naissante qui l’unit à Esmée sont poignantes. Elles donnent à ressentir les pulsions de vie et de liberté qui s’affirment face à l’horreur et les pouvoirs de l’Amour pour surmonter les épreuves les plus terribles. Elles font résonner d’autres enjeux actuels sans lien aucun avec la pandémie (et que je tairai pour mieux vous laisser les découvrir !). Des enjeux qui, après une révélation inattendue, placent la deuxième partie sous tension et nous font tourner les pages plus vite encore.

Un roman intense et féministe qui se lit… fiévreusement.

N’hésitez pas à lire les avis de Linda, Lucie, Pépita et Hashtagcéline sur ce même roman, ni à découvrir les autres livres de Séverine Vidal (Pëppo sur ce blog).

Lu en octobre 2021 – Nathan, 14,95€

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