Lu en mai 2016 et relu en mai 2018
La lecture du Cavalier du dragon de Cornelia Funke nous a donné l’idée de redécouvrir ce petit livre que nous avions lu avec beaucoup de plaisir il y a deux ans, sur les conseils de notre amie Amanda que nous remercions au passage ! Ce roman décalé et très divertissant nous plonge dans les aventures d’Elmer, petit garçon téméraire parti à la rescousse d’un bébé dragon retenu captif sur l’île Sauvage. Parviendra-t-il à survivre aux terribles danger que lui réserve l’île et à réaliser son rêve de voler à dos de dragon ?
Antoine et Hugo ont autant adoré ce roman à 7 et 8 ans qu’ils l’avaient apprécié à 5 et 6… L’histoire est racontée de façon simple et percutante, sans détour et de façon souvent très drôle. Les dialogues sont particulièrement réussis et évoquent un peu, dans le contexte français, les contes du chat perché de Marcel Aymé. L’humour vient de l’absurdité des situations – départ seul du petit garçon pour un long et périlleux périple, animaux anthropomorphes aux personnalités fortes, objets insolites qu’Elmer tire de son sac de voyage pour déployer les stratégies de diversion les plus absurdes afin d’échapper aux fauves… En même temps, la narration du point de vue du fils du héros (en désignant ce dernier comme « mon père » tout au long du récit), crée un décalage par rapport à cet univers absurde en donnant l’impression d’une histoire vraie arrivée à un proche – et nous rassure, comme l’a justement souligné Antoine, sur le sort de ce protagoniste puisqu’on peut en déduire qu’il deviendra adulte et père !
Ce court roman richement illustré ravira sans aucun doute tous les jeunes lecteurs (ou auditeurs) aimant l’aventure et l’humour. L’intrigue est très efficace et nous conduit sans aucun détour de la rencontre entre Elmer et un mystérieux chat de gouttière à un final délirant et hilarant. Très lu aux Etats-Unis, il reste méconnu en France et c’est bien dommage car il offre un très bon support pour se lancer dans la lecture d’un premier roman !
Extraits
« – Quand je serai grand, je veux avoir un avion. Ce serait pas merveilleux de pouvoir aller partout où on en a envie en volant ?
– Tu aimerais vraiment voler, vraiment ? demanda le chat.
– Si j’aimerais? Je ferais tout, rien que pour ça.
– Mouaif, dit le chat, si tu en as tellement envie, je crois que je sais comment tu pourrais voler même si tu n’es encore qu’un petit garçon.
– Tu veux dire que tu sais où je pourrais trouver un avion ?
– Mouaif, pas exactement un avion. Quelque chose d’encore mieux. »
« En s’éveillant le lendemain matin, mon père avait très faim. Alors qu’il cherchait s’il ne lui restait rien à manger, quelque chose lui tomba sur la tête. C’était une mandarine. Il avait dormi juste sous un arbre couvert de belles, grosses mandarines. Il se souvint alors qu’il se trouvait sur l’île de Mandarine et que des mandariniers sauvages y poussaient un peu partout. Mon père en cueillit autant qu’il pouvait en emporter, c’est-à-dire trente et une, puis se mit en chemin pour trouver l’île Sauvage. »
« Il marcha toute la nuit, et deux événements inquiétant se produisirent. D’abord, il eut besoin d’éternuer, et il éternua, et quelqu’un à côté de lui dit :
– C’est toi, Singe ?
Mon père répondit :
– Oui.
Alors la voix dit :
– Singe, tu portes quelque chose sur ton dos ?
Et mon père répondit :
– Oui.
Parce que c’était vrai. il avait son sac à dos sur le dos.
– Qu’as-tu donc sur le dos, Singe ? demanda la voix.
Mon père ne savait que répondre parce que, qu’est-ce-qu’un singe pourrait bien porter sur son dos, et puis comment s’y prendrait-il pour le faire savoir à des gens, au cas où il porterait véritablement quelque chose ?
– Savais-tu qu’aucun explorateur n’a jamais quitté cette île vivant? dit le troisième tigre.
Mon père pensa au chat et se dit que ce n’était pas vrai. Mais bien sûr il avait trop de bon sens pour l’exprimer. On ne contredit pas un tigre qui a faim. »
Nathan, 1991, disponible seulement d’occasion (des versions PDF existent aussi en ligne!)