Le dernier sur la plaine, de Nathalie Bernard (Éditions Thierry Magnier, 2019)

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« Toujours en mouvement, nous suivons la transhumance des bisons. La terre est notre mère, le soleil est notre père. Les plaines sur lesquelles nous chevauchons ne nous appartiennent pas, mais notre territoire s’étend à perte de vue. Herbe haute, arbustes, rocaille, immense ciel bleu. »

C’est de loin que je reviens pour vous faire part de cette chronique, de très loin même ! Pour être précise : des grandes plaines américaines des années 1860-1870, à une époque tourmentée où colons et indiens s’affrontent violemment pour l’immense territoire s’étalant des plaines canadiennes au golfe du Mexique. Grâce au talent de conteuse de Nathalie Bernard, nous voilà propulsés au cœur des événements, avec pour fil rouge la vie incroyable de Quanah Parker, fils du chef comanche Peta Nocona et de Cynthia Ann Parker, une blanche enlevée à sa famille. Nous suivons Quanah de sa naissance à la fin de son enfance, de son adolescence à l’âge adulte, dans une quête saisissante d’un espace, d’une issue, de ses origines, de son identité.

Nathalie Bernard nous livre un récit captivant – à tel point qu’il a été difficile d’interrompre la lecture pour mettre les garçons au lit ! L’écriture est brute, imagée, très belle. La tension amorcée dès les premières pages autour des grandes questions qui hanteront Quanah toute sa vie se nourrit également, au fil du récit, de péripéties qui s’enchaînent avec beaucoup de rythme. Quanah est un personnage magnifique, sensible et solide, d’une humanité désarmante et bouleversante.

Le contexte est restitué de façon très dense : on voit sous nos yeux le paysage transformé par le développement des lignes de chemin de fer et de l’agriculture ; le quotidien des amérindiens qui vivent, survivent, tentent de s’adapter ; la condition des femmes, dans les deux camps ; la nature façonnée par le rythme des saisons et la guerre. L’autrice fait très fort : l’histoire est si passionnante qu’on remarque à peine tout ce que l’on apprend au passage. Elle parvient avec brio à livrer un récit de cette époque qui ne tombe ni dans le manichéisme, ni dans les stéréotypes teintés de folklore. À raconter des vérités terribles tout en portant constamment un beau message d’espoir et de tolérance.

« Si les bisons n’avaient pas été exterminés, je serais resté dans les plaines.
Mais je ne peux pas revenir en arrière.
Alors, je regarde vers l’avenir. »

Ma curiosité a été si bien aiguisée par cette lecture qu’il fallait en savoir plus. En cherchant un peu, nous avons découvert que Quanah Parker a réellement existé. J’ai été terrifiée en découvrant que les grandes lignes de cette histoire sont vraies, notamment le désastre humain et le massacre de quinze millions de bisons américains, essentiels dans le mode de vie des Comanches. Une mémoire douloureuse, mais importante, que Nathalie Bernard contribue à entretenir avec beaucoup de talent.

Un grand merci à l’éditeur de nous avoir permis de découvrir ce roman. Une épopée flamboyante dont on peine décidément à s’extraire…

Lu à voix haute en septembre 2019 – Éditions Thierry Magnier, 14,80€

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