La trilogie de la Poussière, tome 2 : La communauté des esprits, de Philip Pullman (Folio Junior, 2022 pour la traduction française)

Si le premier tome de la trilogie de la Poussière ne m’a pas entièrement convaincue, j’ai trouvé que La communauté des esprits relevait magnifiquement les défis follement ambitieux que Pullman s’était fixés. Les personnages supplémentaires introduits dans La Belle Sauvage et l’ampleur donnée par la temporalité longue de l’intrigue – puisque ce deuxième tome nous entraîne dans les premières années d’adulte de Lyra, une vingtaine d’années plus tard – permet de développer de nouveaux fils narratifs particulièrement intéressants.

Rien ne va plus entre Lyra et Pantalaimon : est-ce elle qui a changé pour devenir moins impulsive, plus rationnelle et moins rêveuse ? Ou est-ce lui qui lui en veut ? Toujours est-il que le petit daemon n’en fait qu’à sa tête et qu’il va être mêlé à une histoire de meurtre qu’il va bien falloir élucider. Une enquête aux allures de mission d’espionnage et de contre-espionnage (vous vous imaginez bien que le Magisterium trempe dans l’affaire d’une manière ou d’une autre) qui mène loin, très loin, sur les traces de roses liées à une crise terrible en extrême orient.

Cette recherche place le récit sous tension. C’est aussi un périple initiatique pour Lyra qui découvre la dureté du monde, les doutes et les dangers de l’âge adulte. Il est question de lobbies et de coups d’État, de réfugiés et de trafic humain, d’oppression des femmes et de fanatisme. Après un tome construit de façon très linéaire, on renoue ici avec l’art pullmanien d’orchestrer les développements sur plusieurs tableaux – puisqu’il s’agit aussi de Malcom et de Hannah, de Marcel Delamere et d’Olivier Bonneville…

Tout cela est percutant et très bien mené. Si bien que je n’en reviens toujours pas que ce tome se termine en queue de poisson, après avoir dénoué à peine un petit fil de l’intrigue si bien enchevêtrée entre passé et présent, destins individuels et luttes de pouvoir. Well done, donc, mais le troisième tome a intérêt à tenir ses promesses et à ne pas trop tarder.

L’avis de Pépita

Lu en janvier / février 2022 – Folio Junior, traduction de Jean Esch, 12€

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