Le Vent dans les saules, de Kenneth Grahame (1908 pour l’édition originale en anglais, 2011 pour la traduction française chez Phoebus)

Parodie animalière de la société, récit d’aventure, ode à la campagne anglaise, Le Vent dans les saules est un roman britannique incontournable. Le charme des classiques a opéré : si mon moussaillon de dix ans a pu s’impatienter ici ou là lors de descriptions un peu longuettes, il s’est laissé envouter par ce texte vieux de plus d’un siècle.

L’histoire est celle d’un timide Mr Taupe qui décide un jour de s’aventurer au-delà de sa prairie et sympathise avec Mrs Rat, Blaireau et Crapaud. Saisons et remous de la rivière rythment leurs journées qui pourraient sembler bien paisibles sans les frasques des uns et des autres qui ne résistent jamais au plaisir de s’amuser, de se vanter un peu et de s’écouter parler. Mais c’est surtout par Crapaud que tout – TOUT ! – arrive : cet aventurier impulsif et fantasque a un goût irrépressible pour le bling bling et les voitures sportives – et manifestement peu de considération pour le code de la route et les forces de l’ordre…

Soir après soir, Le Vent dans les saules nous a transportés dans un monde idyllique. Chaque berge, chaque brin d’herbe et chaque galerie forestière nous y sont devenus familiers, ainsi que chacun des personnages. Leur histoire invite à s’émerveiller du soleil printanier, du clapotis de l’eau et de la saveur du partage. Mais surtout, elle réjouit grâce à la personnalité singulière de chaque personnage, leurs dialogues facétieux et leurs péripéties rocambolesques. Et grâce à la manière dont la camaraderie transcende la gloutonnerie, la paresse, les vanteries et les bêtises des uns et des autres autour de copieux gueuletons. Avec beaucoup d’humour et d’ironie, leurs aventures cristallisent les grands dilemmes de la vie : l’appel du vaste monde doit-il prévaloir sur le charme de son chez soi ? L’attrait de la compagnie sur la saveur de la solitude ? Le désir de se distinguer sur la recherche de la proximité des autres ?

C’est avec un pincement de cœur que nous avons quitté Taupe, Rat, Blaireau et Crapaud (« Il n’y a pas de second tome ? »). Nous les garderons en nous, avec les autres personnages qui peuplent notre imaginaire commun, toujours plus nombreux grâce à la magie de la littérature.

Un roman d’amitié divertissant qui ravira celles et ceux qui conservent intact en eux l’esprit de l’enfance !

L’avis de Linda. Et si vous aimez la nature anglaise, les fables et les romans animaliers, n’hésitez pas à vous plonger également dans Watership Down, La légende de Podkin le Brave et Les lapins de la couronne d’Angleterre.

Extraits

« Il y a du poulet froid de la langue froide du bœuf froid des cornichons au vinaigre de la salade des petits pains du cresson des sandwichs du pâté de la boisson au gingembre de la limonade de l’eau gazeuse, etc.
– Arrêtez ! Arrêtez ! s’écria Mr Taupe au comble de l’extase. C’est trop, c’est trop !
– Le croyez-vous vraiment ? demanda Mr Rat d’un air sérieux. C’est ce que j’emporte habituellement pour ce genre d’excursion ; et tout le monde me dit que je suis pingre et que je ne prends pas plus qu’il ne faut. »

« J’avais justement choisi ce petit plan d’eau dans l’espoir de pouvoir m’y ébattre tout à mon aise, et voilà que je tombe sur vous deux, mes gaillards, soit dit sans vous offenser. »

« Certains considéreraient, à raison, que le vol de l’auto est la plus grande offense. Mais faire l’insolent avec la police mérite assurément la sanction la plus lourde. Disons : douze mois pour le vol, ce qui est une peine légère ; et trois ans pour l’infraction au code de la route, ce qui est peu ; quinze ans pour l’insulte à l’agent de la force publique, laquelle dut être particulièrement grossière, à en juger par les dépositions des témoins, même si nous n’accordons foi qu’à la dixième partie de ce que nous avons entendu (et en ce qui me concerne, je m’en tiens toujours à ce pourcentage), cela nous donne un total de dix-neuf ans…
– Voilà qui est bien calculé, dit le président du tribunal.
– Nous pouvons arrondir à vingt ans, conclut le greffier.
– Excellente suggestion, approuva le président. »

Lu à voix haute en septembre / octobre 2021 – Éditions Phoebus, traduction de Gérard Joulié, 8,90€

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