Nowhere girl, de Magali Le Huche (Dargaud, 2021)

« 1963 et 1967 avaient l’air tellement mieux que 1990… »

Hard Days. Peu de couleurs dans ce quotidien de collégienne qui veut pourtant tellement bien faire. Magali suffoque face à son enfance qui s’étiole, aux interpellations cassantes et au conformisme de la cour… Heureusement, il y a les Beatles et leur Ticket to Ride vers une bulle en apesanteur, éclaboussée de couleurs chatoyantes, où l’insouciance règne en maître et tout semble possible !

Cette BD autobiographique est émouvante. La sincérité avec laquelle Magali Le Huche raconte sa phobie scolaire va droit au cœur. Le propos m’a semblé très juste, je ne doute pas que nombre de nowhere people s’y reconnaîtront. Les « images » sont très parlantes aussi : ce fardeau de plus en plus lourd sur le dos ; le groupe qui s’estompe lorsque la solitude se referme sur Magali.

« – Qu’est-ce que vous faites ?
– Ben rien !
– Très bien. Alors vous pouvez prendre la porte si vous ne faites rien, Mademoiselle. »

Et pourtant, ce n’est pas une lecture pesante. Ces années 1990 – doudounes Chevignon, Minitel, horloge en forme de montre XXL au mur, Bruel et Nirvana dans le top 50 – sembleront gaiement familières à celles et ceux qui les ont vécues. Le tempérament pour le moins entier de la narratrice, ses prédispositions à devenir groupie et sa passion anachronique pour les Beatles sont réjouissants. La dérision du ton et du trait a quelque chose de Tom-Tom et Nana qui auraient quelques mois de plus. Et quel réconfort on trouve dans l’amitié d’Agathe et l’amour, même maladroit, de sa famille – All you Need is Love – mais aussi et surtout dans l’exploration de mondes imaginaires qui n’appartiennent qu’à soi, auxquelles de magnifiques explosions de couleurs rendent hommage. Strawberry Fields Forever !

Voilà donc une BD lumineuse et pleine d’inventivité. La rencontre de l’univers des Beatles, des années 1990 et de l’âge de l’adolescence en font une formidable lecture intergénérationnelle. On n’oubliera pas de garer, pas trop loin, un Yellow Submarine à bord duquel s’échapper en cas de besoin.

Lu en février 2021 – Dargaud, 19,99€

6 commentaires sur “Nowhere girl, de Magali Le Huche (Dargaud, 2021)

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    1. J’en suis ravie ! Cette BD a fait l’unanimité chez nous. C’est un sujet qui nous parle, l’école, ça n’a jamais été facile jusqu’à notre départ à l’étranger. Et bien, nous avons trouvé ces pages tout à fait réconfortantes et inspirantes 🙂 J’espère qu’il en ira de même pour toi.

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      1. L’espoir! C’est le mot qu’il faut garder à l’esprit pour avancer et sortir de ces expériences douloureuses. Merci, ça donne vraiment envie!
        J’imagine en effet qu’il y a de quoi se faire une playlist intéressante autour de cette lecture!

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