La louve boréale, de Núria Tamarit (Sarbacane, 2022)

L’objet-livre est splendide avec sa couverture épaisse aux motifs hypnotiques. La forêt boréale est belle mais elle n’en est pas moins impitoyable. Joana est venue chercher de l’or, dans l’espoir de rentrer riche. Elle découvre l’univers âpre et masculin des expéditions d’orpailleurs. Qu’est-ce qui a pu la précipiter seule vers une quête aussi désespérée ? Parviendra-t-elle à survivre alors que l’hiver polaire s’installe ? Et à qui appartient l’ombre immense qui semble régner sur ces contrées sauvages ?

Après le succès de Géante, Nuria Tamarit revient avec un récit d’aventure initiatique aux accents écoféministes. Les péripéties qui jalonnent cette quête un peu désespérée dans l’immensité de la forêt boréale lui donnent du souffle et n’ont rien à envier aux romans de Jack London : trahisons et embûches, froid qui va croissant, faune impressionnante. À chaque seconde, il en va de la survie de Joana qui devra compter sur une solide détermination et un sens providentiel de l’observation et de l’entraide. La brutalité de cet univers sous le joug d’hommes blancs qui se conduisent en propriétaires – les femmes, les autochtones, les bêtes et la nature n’ont qu’à bien se tenir – interroge l’aventurière : sa propre quête participe-t-elle du pillage à l’œuvre ? Et les souvenirs d’une Europe luxuriante questionnent un modèle de développement construit sur l’or et l’exploitation à outrance de la nature.

Nous avons aimé cette manière d’entremêler récit d’aventure et réflexion politique et adhéré à l’intention d’offrir un contrepoint féministe et écologique aux histoires de chercheurs d’or. Un propos moins manichéen aurait sans doute rendu l’histoire plus intéressante encore. Petite réserve également sur le trait simpliste des visages qui ne nous a pas convaincus, alors que les décors sont vraiment fascinants.

Une BD à lire pour s’évader loin des sentiers battus et réfléchir.

Lu en avril 2023 – Sarbacane, 28€

5 commentaires sur “La louve boréale, de Núria Tamarit (Sarbacane, 2022)

Ajouter un commentaire

  1. Effectivement la couverture hypnotise avec son effet miroir.
    J’aime beaucoup l’idée de retrouver des idées féministes ici
    Et je suis déjà fan des décors et de la palette colorimétrique.
    Très belle découverte merci !

    J’aime

  2. Ce fut un coup de cœur pour Gabrielle qui l’a lu plusieurs fois. J’ai pour ma part beaucoup aimé, mais moins séduite qu’elle cependant. Peut-être ce côté manichéen dont tu parles…

    J’aime

  3. Autant j’avais adoré Géante, autant j’ai été très déçue par cet ouvrage. Effectivement, j’ai adoré les décors, spécialement les ciels nocturnes. Mais je n’ai pas accroché aux visages et le propos féministe et écologique m’a paru beaucoup trop simpliste. Comme si ça suffisait à faire une bonne histoire, mais non.

    J’aime

Laisser un commentaire

Site Web créé avec WordPress.com.

Retour en haut ↑