Expiation, de Ian McEwan (Gallimard, 2003, pour la traduction française)

Un jour d’été de 1935 voit la réunion d’une famille anglaise dans sa demeure plantureuse. Dans la chaleur étouffante, parents, enfants jeunes et adultes, cousins, invités et domestiques semblent presque figés. Mais sous cette surface lisse, les sentiments bouillonnent et une tragédie se noue…

Ian McEwan prend son temps pour brosser le décor et poser les bases de son drame : une jeune protagoniste qui découvre les vertiges de l’imagination et dont on ne sait plus si elle est naïve ou cynique (n’est-ce pas le propre de cet âge à la frontière entre enfance et adolescence ?), la précipitation chimique de désirs et frustrations inavouées et de réflexes de reproduction sociale, les mensonges qui arrangent presque tout le monde. La quatrième de couverture résume en quelques lignes les deux premiers tiers du roman, il ne se passe guère plus (ne la lisez pas si vous comptez découvrir ce roman). Page après page, on s’imprègne des lieux, on assiste à des mondanités et à des conversations apparemment anodines, on s’immisce dans les spirales de pensée des uns et des autres, retenant notre souffle en attendant que tout bascule.

Le revirement sera aussi abrupt que le chemin pour y parvenir aura été lancinant. Et nous voilà soudain cinq ans plus tard en pleine guerre mondiale. Dans le fracas des bombes et des combats décrits à longueur de pages, les enjeux du drame continuent de se révéler et ses contrecoups sont toujours palpables.

Je me suis demandé 459 pages durant où l’auteur voulait en venir en délayant autant une intrigue somme toute limpide. Puis j’ai lu l’épilogue de 25 pages qui vient éclairer l’ensemble d’une lumière inattendue. Ce dénouement qui nous interroge sur l’imagination, les pouvoirs et limites de la littérature est véritablement brillant… mais j’aurai peiné pour y parvenir.

Une fresque mélancolique et ambiguë qui récompensera les lecteurs tenaces !

Lu en août 2023 – Version poche chez Folio, 10,20€

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