Anne d’Avonlea, de Lucy Maud Montgomery (Monsieur Toussaint Louverture, 2021)

« La page de sa jeunesse avait été tournée par un doigt invisible ; et la page de sa vie de femme se présentait à elle, avec son charme et ses mystères, ses souffrances et ses joies. »

On a vite fait le tour d’Avonlea et bientôt, on croit en connaître chaque habitant. Cette charmante bourgade pourrait être ennuyeuse si Anne n’était pas là pour la bousculer un peu ! Qu’il s’agisse d’insuffler de nobles desseins à ses jeunes élèves, d’embellir le village ou de venir en aide aux âmes en peine, la jeune fille nourrit les ambitions les plus élevées. Dans ce deuxième tome aux finitions toujours aussi fabuleuses, la voici au seuil de l’âge adulte, en proie à des doutes à la mesure de ses aspirations au moment de concrétiser ses rêves. Une épreuve de réalité parfois redoutable, mais Anne est si pleine d’idées, d’énergie et d’optimisme qu’elle semble capable de déplacer des montagnes !

Ce roman vit moins de l’intrigue – qui n’a pas vraiment d’arc général, à part la question du destin forcément hors du commun auquel Anne est promise, et une romance qui s’esquisse à peine – que du charme des péripéties sublimées par la plume vive, et même lyrique, de Lucy Maud Montgomery. Cette forme de narration lente permet de restituer la façon dont le cours d’une vie est façonné par d’infimes tournants. De nouveaux personnages viennent étoffer le récit – un nouveau voisin excentrique, des jumeaux turbulents, une mystérieuse dame qui semble sortie d’un conte de fée. Comme dans le premier tome, nous avons aimé rire de la façon dont les idées grandiloquentes et poétiques d’Anne s’entrechoquent avec les préoccupations beaucoup plus prosaïques de son entourage. On aimerait l’avoir pour amie : elle est une de ces personnes profondément ouvertes d’esprit, avec lesquelles on est sûr de ne pas s’ennuyer, capables de révéler la poésie des choses, de sublimer le moindre instant, de saisir chaque occasion d’imaginer une histoire, un jeu, un projet.

J’ai pu craindre lors de cette lecture à voix haute que cette histoire et cette plume d’un autre temps ne lassent Hugo dans ce tome où Anne reste dans un entre-deux qui laisse entrevoir des changements plus importants dans le troisième tome à venir. J’ai été émerveillée de voir que la magie d’un texte composé il y a plus d’un siècle continuait d’opérer pleinement auprès d’un mouflet de dix ans en 2021.

On se trouve décidément bien à Avonlea. Nous ne manquerons pas d’y retourner bientôt, histoire de découvrir ce que deviendra Anne, de nous laisser envouter avec elle par la beauté du monde et de prendre soin de ce super-pouvoir qu’est l’imagination !

Une série tendre et solaire, au charme intemporel.

Les avis de Linda et de Tachan.

Lu à voix haute en avril 2021 – Monsieur Toussaint Louverture, traduction d’Isabele Gadouin, 16,50€

7 commentaires sur “Anne d’Avonlea, de Lucy Maud Montgomery (Monsieur Toussaint Louverture, 2021)

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  1. Une chronique qui donne envie de suivre Anne, devenue adulte. Je me demandais, étant donné le rythme de tes chroniques sur des textes longs, combien de temps de lecture à voix haute consacrez-vous à vos enfants ? Il me semble que les garçons sont capables de longs temps de concentration.

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    1. Oui, je suis sûre que tu aimeras Anne, Colette ! J’ai pensé à toi d’ailleurs en lisant ce deuxième tome : »Il est vrai que, si on regardait la réalité en face – ce qu’Anne, il faut l’avouer, faisait rarement à moins d’y être obligée -, il semblait peu probable que l’école d’Avonlea recèle vraiment de futurs talents ; mais qui sait ce qui peut arriver lorsqu’une institutrice use de son influence pour faire le bien ? Anne avait certains grands idéaux sur ce qu’une enseignante pouvait accomplir, à condition de bien s’y prendre […] »
      Je ne regarde pas l’heure, mais nous devons consacrer quelque chose comme une demi-heure quotidienne à nos lectures à voix haute. J’ai regardé, nous avons lu les 340 pages de ce roman en treize jours. C’est plus facile depuis que nous vivons en Allemagne : les enfants terminent la classe plus tôt et n’ont que peu (ou pas) de devoirs, ils profitent de leur temps-libre l’après-midi et nous dînons à l’heure allemande (vers 19h), ce qui nous laisse amplement le temps des lectures (nous nous arrêtons en principe à 20h30, parfois on déborde jusqu’à 21h s’il s’agit par exemple de terminer un long chapitre ou un livre). Les garçons arrivent bien à se concentrer sur la longueur (ils peuvent écouter des heures d’audiolivres par ailleurs) mais par contre, je les laisse bouger, ils dessinent souvent, font des perles à repasser, tissent un bracelet, voire se déplacent parfois (discrètement) dans la pièce. Ça ne les empêche pas du tout de suivre.

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  2. Merci pour le lien
    Je te rejoins sur la modernité incroyable de ce texte (sur certains points) pourtant écrit il y a un siècle.
    Et puis Anne est un si beau personnage qui évolue si joliment. On aimerait tous avoir une Anne dans notre vie 😊

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  3. Vous l’avez déjà lu?!!! C’est vrai que tu disais avoir enchaîné avec ce 2e tome. Je n’ai pas encore déballé le mien qui attend sagement que je le libère de son blister 😉 L’effet d’Anne sur nos jeunes lecteurs ne semblent pas si différent de celui qu’elle fait sur nous. Son ouverture d’esprit en font une héroïne intemporelle de celle que l’on aime avoir à ses côtés et que l’on aimerait avoir pour véritable amie.

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      1. Oui j’ai une ancienne édition mais celle de Toussaint Louverture propose une nouvelle traduction et un travail magnifique sur les couverture donc j’ai craqué, c’est une de mes séries préférées. Même si au bout d’un moment ça s’essouffle un peu et devient très contemplatif, moins intéressant pour l’enfant d’aujourd’hui également. Et il y a un pan plus historique mis en avant vers la fin de la série, intéressant 😉 Gabrielle seule a commencé à lire…

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