Pony, de R.J. Palacio (Gallimard Jeunesse, 2023)

Ohio, 1860. Pourquoi des truands sont-ils venus enlever le père de Silas ? Que lui veulent-ils, est-il en danger ? Et que fait ce poney sur le seuil du logis ? Silas n’écoute que son courage et se lance sur les traces de son père, dans un vrai décor de western.

« Ce fut à cette époque que nos vies basculèrent pour toujours, à la suite de la visite avant l’aube de trois cavaliers et d’un poney à la tête sans poils. »

Après le magnifique Wonder, R.J. Palacio signe un roman aussi beau que singulier. La quête de Silas met l’intrigue sous tension mais, pourtant, le roman semble flotter dans une sorte de quatrième dimension qui n’appartient qu’à lui. Son étrangeté, à commencer par l’histoire incroyable de ce garçon rescapé de la foudre ou la présence de l’énigmatique Mittenwool à ses côtés, pique la curiosité. Cela crée une tension qui n’a rien à voir avec les cliffhangers pourtant redoutables qui ponctuent le récit. L’autre question qui nous taraude, à la lecture de ces pages, concerne ce père disparu : qui est-il vraiment ? R.J. Palacio brosse un portrait tout en facettes et nuances, celui d’un homme curieux et inventif, aimant et déterminé – l’une des plus belles figures de pères qu’il nous a été de rencontrer lors de nos lectures du soir.

« Eh bien, c’est un de mes livres préférés, rétorquai-je. Fénelon l’a écrit pour le roi de France, quand le roi était enfant. Pour lui, la guerre n’est juste que si elle est menée pour apporter la paix. Mais notre gouvernement ne se bat pas pour la paix. Il se bat pour des territoires. »

L’arrière-plan historique donne de la densité, de la profondeur. Le contexte est celui des États-Unis au bord de la guerre de Sécession et à l’aube de la révolution industrielle. L’autrice est allée jusqu’à infuser son texte de réflexions issues des lectures qu’un garçon comme Silas aurait pu partager avec son père en cette deuxième moitié du 19ème siècle, des mythes grecs aux écrits de Fénelon en passant par les légendes arthuriennes.

Chemin faisant, le garçon grandit, le mystère se dissipe et l’émotion nous étreint. Il y a des peurs terrifiantes, du rêve (imaginez avoir quelqu’un comme Mittenwoll ou un animal comme Pony à ses côtés !), des tonnes de tendresse et de mélancolie, de vrais coups au cœur.

Puissant !

Merci à Lucie de m’avoir donné envie de découvrir ce roman. N’hésitez pas à lire aussi l’avis de Pépita.

Lu en novembre 2023 – Gallimard Jeunesse, traduction d’Isabelle Chapman, 17,50€

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